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publié par vinciane le 06/02/09
Mansfield.TYA
- seules au bout de 23 secondes
seules au bout de 23 secondes

héraut

on s’en voulait depuis trois ans de ne pas avoir chroniqué le magnifique june, premier album des mansfield tya. on avait trop vite passé le moment clé où l’album s’est pleinement révélé sans avoir encore grignoté tout sens critique. avant l’arrivée de “seules au bout de 23 secondes”, le compteur last.fm mouchardait plus de 1.000 écoutes du premier disque, et encore, sans pouvoir totaliser les écoutes sur disque et sur ipod mal synchronisé. c’est dire si on y est revenu sans relâche, sans lassitude, vers ces 13 morceaux. c’est dire aussi l’impatience qui nous rongeait de voir venir ce deuxième album, duquel le label bordelais vicious circle s’est fait le héraut (plaisir de l’homophonie).

crescendo

près de deux mois que le promo de seules au bout de 23 secondes nous a été remis et près de deux mois d’éclipses. rien n’arrive plus à nos oreilles, rien n’arrive plus à sa cheville. intense, sauvage, malicieux. on y retrouve les crins glissants et grinçants de carla pallone, la voix rugueuse et cogneuse de julia lanoë.

construit en crescendo, du léger “long ago” aux denses “so long” et “dé-programmé”, le deuxième album des mansfield tya creuse les écarts. Il se révèle rapidement plus sombre, plus progressif et surtout plus radical, lorsque june oscillait plus globalement entre les faux sautillants (“mon amoureuse”, “for you”, “fools”, “doesn’t matter who you are”) et les clairs-obscurs (“one million eyes”, “tomorrow”, “pour oublier je dors”).

paradoxes

sur ce deuxième disque, des morceaux en écho de june - “silver silences II” de “the shout of rain”, “je ne rêve plus” de “pour oublier je dors” - exacerbent les saturations et l’imaginaire et l’on se délecte à nouveau des paradoxes lovés au creux des productions de mansfield tya. une voix de rocaille, ni tout à fait juste ni tout à fait fausse, une musicalité des langues atypique heurtant dictions, accents et phrasés et pourtant tellement captive. que l’on aime ou que l’on bute sur les singularités de ces belles allumées, elles ne peuvent laisser indifférentes et c’est bien en cela que ce deuxième disque est une belle réussite.

chambre d’isolement

On ressort de l’écoute de seules au bout de 23 secondes éreinté, l’estomac en vrac, les oreilles en apnée. il faut y retourner, reprendre les claviers accueillants (long ago), se laisser guider par les bercements et les pizziccato (“lointaine”), s’étonner des textes gentiment barrés (« les yeux de ma promise sont des cimetières, des cadavres en chemise courent dans ses artères ») rencontrant des sifflotements inattendus (“sur le plafond”)... et surtout, il faut venir, revenir, s’installer, se repasser “je ne rêve plus”, ce morceau comme une camisole, latent, montant, incisif et explosif. Une chambre d’isolement, violons et voix enchâssés rebondissant aux parois, sans sortie de secours. chef d’oeuvre de 2’27.

Ce deuxième album des mansfield tya ne souffre guère l’écoute aléatoire, il se vit comme une inspiration, bloquant toute expiration. Un tout, viscéral.

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publié par le 06/02/09