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publié par benoît le 24/09/08
Lykke Li - Nouveau Casino, Paris - 23/09/2008
Nouveau Casino, Paris

On ne sait toujours pas très bien qui on a vu ce soir-là au nouveau casino : la fille underground de Madonna ? la cousine suédoise de Miss Kittin ? une diva hippie ? une tornade boréale ?

Quel que soit le registre dans lequel il s’exerce, le sex-appeal vénéneux de Lykke Li fascine. Entre tous ces codes visuels et sonores, la suédoise brouille les pistes et cultive les paradoxes, à la fois séduisante et inquiétante : chaînes en or sur toge noire, mini-short sur bas filés, yeux de biche mais sourcils froncés. Un charisme à l’insolence travaillée, un masque qui ne tombe jamais, même en privé lorsque, quelques heures auparavant, la conversation s’engage à la terrasse du café Charbon. sourire avenant contredit par un regard inquisiteur, voilà comment on peut résumer le personnage, à la fois spontané et ésotérique - à l’image de son show.

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Une assurance qui passerait pour de la prétention si le répertoire n’était pas à la hauteur. Les compositions apparaissent toujours aussi convaincantes sur scène et le concert s’ouvre à peu près comme l’album, par “Dance, dance, dance”, comme un avertissement catégorique à ce qui va suivre. « Are you ready to dance ? » demande-t-elle d’une petite voix espiègle avant d’entamer “Let it fall”, sorte de néo-reggae plaintif qu’elle enchaînera avec “I’m good I’m gone” et son refrain moqueur, premier titre attendu et reconnu par le public.

Un répertoire enrichi de quelques reprises de choix, pour le moins inattendues : c’est bien l’un des riffs ensoleillés de Vampire weekend (“cape cod kwassa kwassa”) qui déboule à l’improviste au milieu du set, annoncé le plus simplement du monde : « the next song is not one of my songs, but it’s a good song, so dance ! ». C’est un ordre. Dont acte. Le déhanché africain prend maintenant tout son sens, ainsi que l’aide qu’elle prodigue à son batteur, d’une troisième baguette autoritaire qu’elle ne lâchera quasiment pas de la soirée. L’excitation est maintenue avec “little bit”, son premier single, pendant lequel elle reproduit les mêmes mouvements lascifs que sur la vidéo.

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Les ruptures et les alternances chaud-froid sont savamment dosées à l’intérieur de la transe permanente qui l’habite. Voici venir l’hypnotique “complaint department”. « If you wanna complain, I’m not the complaint department ». Ce n’est pas le bureau des pleurs, ça tombe bien, l’enthousiasme est général. Même quand un sample de NTM (“assassin de la police”) vient brutalement interrompre le morceau. Une fausse rupture parfaitement prévue puisque répétée à la balance. Sans doute ne faut-il pas y voir autre chose qu’un clin d’oeil à ce qui se passait quelques jours auparavant à Bercy (la réconciliation scénique de joey starr & kool shen). Appréciable marque d’intérêt envers le public français, en tout cas.

Le show se terminera par l’explosif nouveau single “Breaking it up”, avant deux autres reprises en guise de rappel : tout d’abord “Until we bleed” de Kleerup dont elle assure la voix sur la version studio, puis le troublant “after laughter” de Wendy René pour terminer sur une touche soul, à l’issue duquel elle s’éclipsera modestement. La set-list nous apprend qu’un troisième rappel était prévu, une reprise de A tribe called quest à laquelle nous n’aurons malheureusement pas droit.

Hip-hop survolté, soul hantée, pop sucrée, Lykke Li est un caméléon qui n’a sans doute pas fini de nous étonner.

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publié par le 24/09/08
Derniers commentaires
Éole - le 10/12/08 à 11:56
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Elle est repassée à Paris et nous a joué un morceau de Kings of Leons à la place de Vampire Weekend.

Pour son titre "Complain department", elle nous refait son sample de "Assassin de la police".

En tous cas, c’est impressionnant la façon dont on redécouvre son album en live. C’est aussi beau, mais péchu, rythmé et entrainant.

Elle ira loin cette petite :)

— 
Éole