prince du rire

depuis quelques mois on a retrouvé cure faisant du cure - avec réussite -, patti smith du patti smith - avec moins de réussite. il était donc logique que lou reed, fasse du lou reed. il y a un peu de tout dans ce nouvel album du prince du rire - on rêve tous d’un duo comique entre lou reed et bill callahan de smog. du bon et du moins bon, c’est à dire que quand on connaît les albums précédents on est évidemment assez exigeant. certains morceaux passeraient peut être plus facilement si on ne connaissait rien de lou reed, mais là on se dit qu’il peut mieux faire, beaucoup mieux. mais il y a de tout dans ecstasy. toujours riches de très longs textes, les chansons de lou reed sont un peu sur des rails depuis plusieurs albums. lou reed, on le sait si on a vécu cette expérience traumatisante - dont un concert au casino de paris assez mémorable - de le voir en concert au début des années 90, s’est particulièrement investit dans l’écriture... de ses paroles de chansons ou de recueils de poèmes.

loterie

et musicalement il s’est moins « concentré ». a l’époque du velvet il y avait les rapports conflictuels avec john cale et un état de grâce qui nous a permis de voire naître quelques uns des plus beaux morceaux - albums ? - de l’histoire du rock. quand lou reed a quitté le velvet avec pertes et fracas, il avait tout à prouver, il y avait encore une émulation dans la confrontation avec son frère ennemi cale et encore une fois il nous a offert quelques merveilles. aujourd’hui la conduite automatique dans l’écriture musicale des morceaux musicales de lou reed nous donne des albums comme ecstasy, c’est à dire un peu la loterie. honnêtement il n’y a rien à jeter, pas chez un vieux routier comme lou reed, il est bien trop malin, il a su construire un personnage absolument hallucinant attirant haine et admiration.

au passage...

donc si l’album mérite notre attention - un petit conseil : écoutez au moins une fois l’album avec le livret sous les yeux comme pour tous les albums de lou reed et particulièrement ceux des années 90, il faut découvrir son monde, son imaginaire, son humour froid et sa poésie - quelques morceaux sortent facilement du lot : si "mystic child" est la première chanson à vraiment accrocher, c’est surtout avec "ecstasy" que l’on rentre vraiment dans l’album - du même titre, comme quoi ... les quelques mêmes notes répétées inlassablement, la voix unique de lou reed... une certaine nostalgie, un parfum de tristesse se dégagent de cette chanson envoûtante. une petite merveille. "modern dance" est du pur lou reed, efficace - comme "future farmers of america" - , mais on sait qu’il peut nous emmener beaucoup plus loin... l’histoire glauque et sordide de "rock minuet" est fascinante, l’opposition des guitares - laquelle va prendre le dessus d’ici la fin du morceau ? -, les quelques notes qui vous rentrent dans la tête, la voix de lou reed parfois hypnotisante, toujours charmeuse, les violons... un morceau qui aurait pu figurer sur l’excellent new york. puis après le très intéressant "baton rouge", la pièce d’œuvre de l’album : les 18 minutes de "like a possum", toutes guitares électriques et très - c’est rien de le dire - neil young période début des années 90, weld - en avant. malgré la longueur assez surréaliste du morceau on reste fasciné, captivé par la voix de lou reed qui crie son texte plus qu’il ne chante, entrecoupé de longs instrumentaux de guitares déchirantes - soutenues par une batterie relativement discrète. evidemment ce n’est pas la première fois qu’il nous fait ce coup là, et même si "like a possum" est loin d’atteindre l’intensité de "the gift", à l’époque du velvet, par exemple, cela reste une sacrée réussite. au passage pourquoi ne pas fermer l’album sur le très beau "rouge" plutôt que sur "big sky", un des morceaux les moins intéressants de ce ecstasy. si vous aimez lou reed vous pouvez vous jeter sur ecstasy sans crainte, si vous ne connaissez pas peut être faut il d’abord essayer d’autres albums avant de revenir de toutes façons à un moment ou un autre à celui ci.