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publié par Mickaël Adamadorassy le 29/05/05
Last Days - Gus Van Sant
Gus Van Sant

un film sur Kurt Cobain ? Vraiment ?

si c’était un film sur Kurt Cobain, ça serait franchement pas terrible, il suffit de regarder les différentes tenues que porte Blake (le pseudo kurt) dans le film : il s’agit uniquement que des tenues les plus excentriques portés par le leader de Nirvana, sauf que quand lui les a porté ponctuellement sur plusieurs années, elles sont là son quotidien. Il suffit de regarder la place accordée à la musique dans le film : filmée de l’extérieur ou immobile et excentré dans un long plan d’ensemble , sauf que pour qui a lu son journal, il est évident qu’elle était toute sa vie ou presque. Il suffit de noter l’absence de sa fille, de Courtney, l’indifférence, l’embarras que le reste du groupe lui témoigne dans le film alors que c’est tout ce qui aurait pu lui sortir la tête de l’eau en fait.

Pas étonnant qu’il se tire une balle dans ces conditions.

Ah zut...

... en fait il a réussi son coup le Gus, il a fait strictement comme dans Elephant : beauté formelle, stéréotypes, il a fait strictement ce qui lui plait de l’histoire (et entre le jeune éphèbe blond qui fait pipi devant une cascade et les penchants homosexuels de pseudo-dave et pseudo-chris, on est pas dépaysé) et bizarrement il a réussi à toucher un peu de vérité, à faire la seule chose viable, à savoir quelque chose de sobre, de suggéré mais cela se fait forcément au détriment de quelque chose, à savoir l’intensité, l’énergie que représentait la musique de Nirvana, que d’ailleurs la B.O.(très bien au demeurant) prend complètement à contrepied.

Hic

Néanmoins, pour moi les seules images de Kurt Cobain valables sont celles du massacre en règle de la batterie de grohl à coup de strat japonaises ou de .. boule , la sobriété, les quelques notes d’humour de l’unplugged ou encore celle d’un jeune papa qui tire la langue pour faire rire sa fille. Le film a beau se dissocier de l’histoire de Nirvana, il y tire aussi sa valeur donc il se juge aussi là dessus et il ne correspond pas à l’image que j’aurais aimé voir de Kurt Cobain. Et c’est là le seul vrai reproche que j’ai à formuler (qui ne tient pas si l’on refuse de voir en Blake un avatar du leader de Nirvana mais est-ce entièrement possible pour qui a vécu ses premiers coups de foudre musicaux sur le trio de seattle ?)

Et si ce n’est pas un film sur Kurt Cobain, de toute façon, last days reste un bon film, voir un très bon film, avec quelques séquences magistrales, qui touche à la grâce par la prestation très convaincante de Michael Pitt dont la détresse arrive à percer du formalisme, traverser la distance qu’impose le traitement du Gus Van Sant, que je ne trouve pas entièrement judicieux et justifié personnellement.

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publié par le 29/05/05