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publié par Renaud de Foville le 18/11/00
laconic - une interview fleuve

nicolas haas alias laconic, un projet qu’il a mené à bien pendant trois ans, presque seul - christian schreurs, de venus, l’a accompagné pendant l’enregistrement signant guitare, violon et quelques morceaux au passage. on retrouve, aussi, quelques techniciens de renom derrière les platines comme alex gopher. a cargo nous voulions le rencontrer évidemment parce que nous avions adoré son disque, mais aussi parce que l’ayant produit et sorti lui même, tout seul comme un grand, on se disait que nous aurions à faire à un drôle de personnage. après une interview fleuve d’une heure - et encore nous n’avons pas tout enregistré et nous avons dû nous arrêter parce que nicolas avait d’autres obligations - on se dit que nous avons eu le droit à un moment privilégié. direct et sincère, nicolas ne s’embarrasse pas pour répondre à nos questions. ni provocateur, ni langue de bois nous vous offrons une heure d’interview pour tout savoir sur cet étrange projet qu’est laconic.

laconic : je ne fais pas de scène, c’est un choix. pour l’instant je suis tout seul. christian, qui a travaillé avec moi, est partit dans venus. il en faisait déjà partit quand on a commencé le projet. quand venus a commencé à marcher il y eu moult rebondissements avec laconic, moult galères aussi... forcément il est partit avec venus parce que cela marchait bien. je me suis donc retrouvé tout seul. lui il était la partie live de laconic. c’est lui qui a fait les guitares et le violons de laconic. il avait plus de 200 concerts quand je l’ai connu. c’est aussi pour cela que cela m’intéressait de travailler avec lui. je savais qu’il m’amènerait plein de choses par rapport à la scène. avec venus il est très à l’aise sur scène, ils ont complétement axé leur travail là-dessus.

le cargo ! : ils sortent un live d’ailleurs...

laconic : oui, tout à fait. il y a de grandes chances que cela soit mieux que le disque. leur travail studio n’est pas toujours très intéressant... bon, c’est pas très sympa de dire ça d’un mec avec qui j’ai bossé, mais eux-même le savent. quand je bossais avec christian il me disait que venus sur scène c’est vraiment bien et qu’il avait du mal à imaginer laconic sur scène par contre. ils savent qu’ils n’arrivent pas à retranscrire l’énergie qu’il y a sur scène, cette classe qu’ils ont quand ils jouent sur scène avec leur album studio.

le cargo ! : mais pour laconic, si tu prenais d’autres musiciens...

laconic : quand un musicien à un intérêt dans le projet... ce qui est le cas de christian qui a fait les guitares, qui touche de l’argent sur les titres, lui on peut dire qu’il avait un vrai intérêt à ce qu’il fasse partie de laconic sur scène. mais si j’appelle un musicien, le mec si je ne le paie pas, quel que soit son intérêt de venir jouer avec moi, cela sera un peu malsain... car lui il se dira qu’il se retrouvera sur le second disque de laconic. j’ai pas du tout envie de promettre ça à quelqu’un. on peut très bien travailler ensemble, en sachant que les affiniés musicales ce n’est pas évident à mettre en place, mais je n’ai pas envie de me retrouver dans une situation presque sentimentale parce que les gens ont tourné avec moi gratuitement pendant six mois, que c’était très sympa, que l’on a bu quelques bières ensemble et que l’on a connu quelques délires... car ce n’est pas obligatoirement avec lui que tu vas faire le second album. un album c’est autre chose, c’est assez bizarroïde. ca passe ou ça ne passe pas. même si ça passe très bien sur scène quand tu fais ton album il n’a pas forcément les mêmes idées que toi. j’ai pas envie de me retrouver la dedans. mais bon la porte est ouverte. si un musicien me téléphone en me disant qu’il a été touché par mon travail, évidemment je le rencontre, si en plus il n’en a rien à foutre d’être payé... mais même pas, car si tu payes les gens tu dis voilà ma musique c’est ça. je veux qu’elle soit interprétée de telle manière et tu dis voilà les dates de la tournée, le mec il ne peut pas te dire que pour tel soir il ne peut pas... si il est gratos il en a tout à fait le droit... moi j’ai envie d’un rapport professionnel, d’instaurer cela, sinon ce la ne marche pas. mais de toutes façons je trouve que mon disque, sur scène... il n’existe pas ! en tant que disque de studio il y a 1000 petits détails... si on essaie de faire cela sur scène on est mort, je n’ai absolument pas envie d’arriver avec un sampler 12 pistes, une table de mixage numérique... je joue du piano comme une patate, qu’est ce que je vais faire sur scène, chanter un petit peu... j’aimerai bien faire de la scène pour faire progresser ma voix, j’ai conscience que je ne suis pas un très grand chanteur. la scène, j’espère, m’aidera à trouver des mélodies pour le deuxième album... j’ai une vraie envie de scène, mais j’aimerai adapter mon disque. par exemple... c’est un appel presque... un bon pianiste, un bon violoncelliste, à la limite des gens du classique. je leur file les morceaux, ils les travaillent chez eux. on se retrouve pendant quinze jours, dans une salle de répétition. encore une fois cela demande des moyens ! moi en terme de thunes je suis à fond dans le rouge, j’ai plus une seule thune, il me faudrait donc trouver un partenaire... quelqu’un qui me dise « tu as besoin de 5000 francs, une salle de répétition pendant un mois et les musiciens tu veux les payer combien... » tout ça pour faire une version unplugged de mes chansons... cela n’empêche pas sur certains morceaux de mettre une boucle, de s’adapter au rythme du morceau. je pense à "ma fée", c’est un morceau où il n’y pas de rythme dedans, sur scène cela peut être un morceau assez pop, tu vires le scratch et tu as un morceau assez entraînant.

le cargo ! : il y a donc quand même une envie de scène...

laconic : la scène j’en meures d’envie et j’ai vraiment les boules de ne pas pouvoir présenter l’album sur scène, je ne vais pas pouvoir le défendre. mais en même temps je sais que c’est un passage obligé... quelque chose qui me fera progresser. le chant et le manque de mélodies sur cet album je les assume tout a fait, tout le monde me fait la réflexion mais c’est un disque que j’ai voulu comme cela. il est très sombre. le second sera peut être très sombre aussi, très noir mais j’espère avec des mélodies. c’est un truc que je sais faire, mais c’est vrai que je manque d’expérience. il n’y avait personne pour me coacher, alors je me suis mis à deux centimètres du micro et j’ai plutôt parlé mes textes que les chanter. si je fais de la scène je suis obligé de chanter, de travailler ma voix et mes cordes vocales. ma copine, qui a joué de la basse sur l’album, est la première à me dire qu’il n’y a pas de problème quand je chante, c’est juste que je ne suis pas sûr de moi et que je me défile... c’est un peu lâche.

le cargo ! : entre le début de l’enregistrement et la sortie de l’album il y a trois ans...

laconic : les premiers enregistrements ont commencé en juillet 97 en belgique, à bruxelles dans un endroit assez spécial. l’endroit est lié à la noirceur des textes je pense... le coté pratique fait que je suis allé à bruxelles pour travailler avec christian schreurs. c’est assez simple : j’avais envie de travailler avec lui, il fait partie de venus qui répète quasiment trois fois par semaine à bruxelles. moi dans ma démarche et à mon âge, je m’en foutais que mon disque sorte tout de suite ou dans les trois mois. je venais juste de signer chez delabel (ndr : pour l’édition). ce qui m’intéressait c’était que le disque qui sorte...

je ne savais pas à l’époque que ça allait durer trois ans... mais je voulais sortir le disque dont j’avais envie et pas autre chose... c’est clair et net. devenir rock star et que tout le monde parle de moi... non, non ! je sors le disque que je veux et je n’en démords pas. dans cette envie il y avait : je travaille avec christian. j’aurai très bien pu rencontrer un guitariste sur paris. il se trouve qu’avec christian on avait déjà fait des petits trucs et j’étais très intéressé par ses sons, parce qu’il m’apportait en terme de structure, je trouvais que nous étions très complémentaires et je tenais à travailler avec lui. donc tout le matos qu’il y a ici je l’ai mis dans deux fourgonnettes, je suis partis trois mois à bruxelles, j’ai squatté chez une copine et on a enregistré dans une usine désinfectée, où il y avait un maigre cadenas. tous les jours quand tu reviens tu te dis que tu t’es fait vider la pièce. on était au troisième étage d’une ancienne usine de trois cent mètres carrés. l’endroit était assez spé, très lumineux avec de grandes baies vitrées à moitié cassées... mais cette année là il a plu comme jamais à bruxelles. juillet et août lamentables et septembre pire. grosse ambiance déprime... pour christian, je n’avais pas compris ça... je pensais qu’il serait tout le temps avec moi, mais en fait je l’ai vu un jour sur trois. le reste du temps j’étais tout seul. je pense que tout ce qui peut être angoisse existentielle est venu de ça. j’étais à bruxelles, pas une thune en poche... à squatter chez une copine... tout s’est quand même très bien passé.. d’ailleurs cette copine c’est la seule personne qui soit remerciée sur le disque. on était là pour quinze jours au départ, on est resté trois mois, trois mois et demi ! de tout cela est sorti un premier jet, une vingtaine de chansons et sur l’album il en reste 5 ou 6 sur ces 20... on s’y est remis avec christian, mais six mois après parce que pendant six mois il n’était plus disponible...

le cargo ! : comment sur une telle période de travail peux-tu garder une unité... dans la déprime !

laconic : je pense que je suis profondément angoissé... tout le temps ! c’est aussi quelque chose qui me tenait à cœur. dans les trois-quart des cd que tu achètes dans le commerce, tu trouves un ou deux singles, mais tu ne trouve pas d’unité sur l’ensemble. tu trouves plutôt cette unité dans la musique électronique. quand tu écoutes plastik man il y a un concept, vraiment. et quand tu changes de disque il y a un autre concept. je ne sais pas si nous on a trouvé un concept mais l’idée c’est qu’il y ait une véritable unité. a chaque fois que j’ai enlevé ou remplacé un morceau c’était pour améliorer l’unité. les morceaux que j’ai enlevé avaient du mal à rentrer dans cette unité et ceux que j’ai ramené devaient cadrer avec l’idée que j’avais. là aussi ma grande chance ça été d’avoir un vrai mixeur. pas un plan gratos dans un appart chez des potes... le mixeur est un copain, mais je l’ai payé, comme le studio. c’est un mixe qu m’a coûté plus de 80 000 francs, il ne faut pas mentir aux gens, à la etienne de crécy en disant que faire un disque coûte trois francs six sous... ce n’est pas vrai ! le disque je ne l’ai pas bidouillé à la maison. je règle mes comptes avec personnes, mais il faut dire les choses tel qu’elles sont. la conception s’est faite en partie ici, mais avec du matos pro, un vrai matos de folie avec toujours cette idée d’unité, cette entité et ce travail sur le son. c’est pour cela que j’ai fait appel à alex gopher, je ne savais pourtant pas qui c’était. je voulais quelqu’un pour le mastering et j’ai entendu celui qu’il a fait pour un album de rodolphe burger que je trouve absolument magnifique... son travail était tellement bien que tu n’as pas l’impression que c’est un album français. sur la pochette j’ai vu que c’était alex gopher qui avait fait le mastering à translab. j’ai téléphoné, il était là. j’ai envoyé une maquette en lui demandant si cela l’intéressait de le faire pour mon disque. c’est seulement une fois que j’étais avec lui, là bas, que l’on m’a dit : « mais tu sais qui c’est... ». j’étais un peu ennuyé parce que je n’avais jamais écouté ce qu’il faisait. lui, il est vraiment cool, il s’en fichait complètement. il était juste un peu inquiet parce qu’avec le budget que l’on avait il m’a dit tout de suite qu’il ne pouvait pas faire sonner mon disque comme celui de rodolphe burger ! c’est clair, sur celui de burger il y a de vrais musiciens, une vraie batterie... tout simplement une vraie production, avec des mecs qui se sont fait plaisir. ils ne sont pas resté ½ heure en studio, ça c’est sûr. c’est un disque qui est léché, avec un superbe mixe. il y a vraiment un pur son... t’écoute massive attack à coté, c’est presque moyen...

le cargo ! : c’est amusant parce que quand j’écoute certains morceaux de pensées en escalier je pense à la chanson de burger "samuel hall", qu’il a écrite pour le dernier album de bashung, je trouve qu’il y a des ambiances et des sons en commun...

laconic : bashung, c’est un mec que j’écoute depuis toujours, c’est tout simplement l’un des rockers français les plus inventifs, pour ne pas dire le seul. burger je ne connaissais pas, j’ai appris à connaître il y a un ou deux ans... la comparaison me fait plutôt plaisir. beaucoup ont trouvé étrange que j’aille chercher alex gopher, que nos deux univers musicaux étaient très différents. j’ai écouté ce qu’il fait, c’est pas ce que j’écoute chez moi... je trouve cela super bien fait, mais c’est plutôt fait pour danser, et moi je ne sors pas beaucoup... mais je ne crache pas dessus, je trouve même cela mieux que ce que l’on entend en général. mais c’est vrai que ce n’est pas ce que j’écoute chez moi... ce n’est, de toutes façons, pas du tout pour cela que j’ai fait appel à lui. mais c’est tout à son honneur de voir qu’il aime travailler sur des choses très différentes, c’est vrai aussi que si je lui avais proposé de la variété je ne suis pas sûr qu’il l’aurait fait... il a dû se dire que le son était intéressant, mais sans jamais se prendre la tête. son vrai métier c’est faire du mastering, il a un vrai talent pour ça... c’est clair ! en tout cas des disques qui sonnent comme les siens et ceux sur lesquels ils travaillent, dernièrement je n’en ai pas entendu 1000... c’est sûr !

le cargo ! : tu as beaucoup travaillé seul sur cet album. comment as tu fait pour prendre le recul nécessaire...

laconic : c’est vrai que de ne pas avoir de producteur c’est parfois un inconvénient. personne ne m’a donné de date de sortie. donc on ne réserve pas un studio en avance pour le mixage par exemple. j’ai dû tout faire moi même et en même temps. quand j’ai pensé que j’avais ce que je voulais je suis aller mixer. il y a trois morceaux sur le disque que j’avais fini peu de temps avant le mixe, il n’y a vraiment pas de règles... "elle fait au mieux", "anonymes" et "pantomime de 5 à 7" datent de février de l’année dernière, donc moins de six mois... j’ai des maquettes à la maison, pleins de trucs et à un moment je me suis dit, voilà j’ai mes 12 titres, j’ai de quoi faire le disque et donc en mars j’ai commencé à mixer. a partir de là je me suis donné une date de sortie. comme c’était trop juste pour juin ou juillet je me suis dit on y va pour octobre. autant attendre la rentrée et heureusement les six mois supplémentaires sont passés très vite et je ne regrette pas d’avoir pris cette décision. rien que pour économiser l’argent nécessaire et rembourser les gens du mixage - qui ont été vraiment cool et qui ne m’ont pas demandé leur 40 000 francs tous les jours. on a travaillé aussi sur la pochette pendant ces six mois, c’est un copain qui l’a fait gratos. nous avons fait cela quand il avait du temps.

le cargo ! : comment on accepte qu’un mixeur arrive soudainement pour mettre son grain de sel dans deux ans de travail aussi personnel...

laconic : a la fois je n’étais pas inquiet car j’avais des idées très précises sur les chansons, ce qui pouvait poser quelques problèmes au mixe... on s’est quand même un peu battu. en fait quand tu fais une chanson, tu fais d’abord une maquette, après tu fais un mixe chez toi, qui est ce qu’il est. c’est à dire pas terrible et auquel tu t’habitues très vite. certaines chansons de l’album je les ai entendu pendant deux ans en pré-mixe, du coup tu fais totalement abstraction du fait que cela ne sonne pas terrible. même quand quelqu’un te propose autre chose, comme tout simplement un instrument un peu moins fort ou un autre un peu plus fort, avec un autre effet par exemple, tu n’arrives pas à concevoir le morceau autrement. même en ayant conscience que c’est mieux autrement tu as beaucoup de mal à l’accepter. ca, ça été assez dur, c’est vrai. mais on en avait beaucoup parlé avec bruno, je lui ai dit : « je vais te faire chier sur des trucs, mais c’est normal ». même des défauts flagrants quand il n’y était plus, que bruno les avait retiré cela me faisait bizarre. j’avais l’impression qu’ils manquaient, c’est une aberration. en fait ce qu’il s’est passé c’est que bruno à mixé neuf instrumentaux que j’ai fait pour le poulpe, et à ce moment je n’avais pas d’expérience du mixage. il a aussi mixé deux ou trois publicités que j’ai composées. j’ai donc vraiment confiance en lui. c’est vraiment plus qu’important de faire confiance au mixeur. mais il faut aussi qu’il travaille ta musique et non la sienne, parce qu’il y a des gens qui essaient de s’approprier les projets en s’éclatant sur leur table, en faisant quelques effets qui les font délirer en tant qu’ingénieur du son.

bruno n’a jamais fonctionné comme cela. c’est vrai que parfois nous n’étions pas d’accord sur le niveau d’un instrument par exemple, il me disait que si c’était son morceau il le ferait plutôt comme cela, mais il rajoutait aussi que c’était mon morceau et qu’il fallait que j’en sois content. quand un ingénieur du son à l’intelligence de se dire ça, en étant en plus pas forcément bien payé, c’est vraiment génial. je sais qu’il travaille toujours dans le sens du disque. je tiens vraiment à le remercier, et je trouve que cette intelligence là les mixeurs images - bruno mixe essentiellement des musiques de films, je crois que pensées en escalier est son premier album - ont ce recul là, que n’ont pas forcément les mixeurs de studio de musique. je connais très peu de musiciens, très peu de techniciens de studio pour cette raison là. car ce sont des gens qui n’arrivent pas à mettre leur talent au service d’un projet, et un disque ce n’est rien d ‘autre que cela... un mec qui te fait des tonnes de solo guitares, quand tu n’aimes pas cela c’est l’enfer. un mixeur qui veut te mettre la basse à fond parce qu’il a fait de la basse quand il avait 12 ans, c’est pareil... si tu as imaginé une basse que l’on entend à peine, c’est sûr que cela va mal se passer. le principe c’est de connaître les gens, de savoir leur faire confiance. en plus à la base j’ai une formation dans le son... alors on ne me l’a fait pas ! j’arrive à entendre comment l’ensemble doit sonner... j’ai une anecdote à propos des relations avec le mixeur : un des premiers morceaux que l’on ait mixé c’est "il était une fois l’amour", c’est le dernier morceau de l’album où il y a un sample rythmique avec un son qui ne plaisait pas trop à bruno, c’était un peu trop machine pour lui. il me dit je vais te proposer quelque chose... cela sonnait admirablement bien avec ce fameux son qui se trouvait complètement mêlé dans le mixe. il m’a dit : « ecoute je ne pense pas que cela change ta chanson », moi je lui ai dit que je pensais le contraire. c’était au tout début du mixe de l’album, je lui ai dit que je lui faisais confiance et donc on a continué... on avance donc dans le morceau, on le couche sur bande et je rentre chez moi avec. je l’écoute et j’en pleure presque. je le rappelle pour lui dire que cela a vraiment changé le morceau et je lui dis : « ecoute bruno, je vais te faire chier, mais le morceau on va le re-mixer parce que sinon il ne sera pas sur l’album... je sais que ton mixage est bon et que ce n’est qu’un détail pour toi... mais ce n’est vraiment pas la façon dont je vois le morceau, ce n’est pas comme cela que je veux raconter les choses. » il a re-mixé le morceau, et avec le sourire... franchement tout le monde ne l’aurait pas fait, plus d’un m’aurait dit d’aller le faire mixer par quelqu’un d’autre. je suis vraiment content de la façon dont sonne le morceau maintenant, c’est un morceau que les radios passent beaucoup et si elles le passent, j’en suis convaincu et je suis têtu et sûr de moi, c’est grâce à ça ! c’est grâce à ce sample qui est un peu haché et qui contraste avec la douceur de l’ensemble. cela accompagne le texte qui dit on s’aime, on s’adore et on s’envoie des casseroles dans la gueule...

le cargo ! : cargo : quelle est l’importance des paroles, de l’écriture pour toi ? tes textes sont un constat d’amertume...

laconic : je pense que si je n’écris pas je suis mort. c’est aussi simple que cela !

le cargo ! : il y a aussi la forme, la mise en forme de tes textes qui ressemblent à des scènes. chaque morceau est une scène. on se rapproche parfois du surréalisme cinématographique, des scènes mises bout à bout sans que l’on y voit dans un premier temps le sens global.

laconic : d’où le titre de l’album d’ailleurs !

le cargo ! : je pensais à « sous le ciel de paris » en écoutant "un bel exemple de quotidien". les conséquences d’une action se répercutent même chez des gens qui n’ont rien à voir...

laconic : ce sont des tranches de vie, des scènes. je n’ai jamais réalisé de films, je suis comme un cinéaste frustré. cette frustration, je la glisse dans ma musique... je ne ferai jamais de films, je rassure tout le monde... enfin il ne faut jamais dire jamais ! ce que j’essaye de faire quand je fais mes chansons ce sont de vrais films.

quand tu écoutes l’album en fermant les yeux j’aime que l’on soit dans une histoire, dans une bulle. c’est aussi pour cela que j’ai pris le parti pris de parler, je travaille aussi à mort les textes, ce sont des heures et des heures de boulot. le moindre mot à son importance. parfois cela vient spontanément... mais je peux aussi passer six mois sur un texte parce que tout cela ne tient à rien, il n’y a pas de règles encore une fois. on me demande souvent si c’est du vécu ou non ? mais c’est un mélange des deux, évidemment cela tient aussi au réel... nathalie, bassiste sur pensées en escalier et compagne de nicolas arrive... rapide présentation.... heu... oui, dans les textes je résume mes angoisses, les questions existentielles que je peux me poser et que j’essaie de retranscrire dans des images très réelles et très brutes. avec ce coté brut j’essaie d’aller à l’essentiel... effectivement je pense que tout à coup tu te les prends en pleine gueule. dans les quelques articles que j’ai pu lire pour l’instant, les journalistes trouvent l’univers de l’album super glauque. mais ma vision du monde est là.

le cargo ! : quand j’écoute l’album je ne ressens pas une impression de vécu, d’exposition de ton quotidien...

laconic : tant mieux alors... mes parents ils le vivent très, très mal par exemple. quand ils ont écouté pensées en escalier, ils m’ont appelé en me disant : « ca va, t’es sûr, tu ne vas pas te tirer une balle dans la tête ? ». mais en fait pas du tout. c’est juste un constat. j’essaie vraiment de faire comme dans un film, c’est mon regard sur ce qui m’entoure. comme je suis un garçon un peu ours qui ne sort pas beaucoup, c’est vrai que j’ai un peu tendance à amplifier un détail, que cela soit au microscope ou avec une longue vue. cela remonte à des choses personnelles qui sont en moi depuis longtemps. mais il ne faut pas du tout prendre tout cela au pied de la lettre, les trois-quart de ce que tu trouves dans l’album, ce n’est pas du vécu.

le cargo ! : cette mise en forme d’histoires scénarisées implique un détachement...

laconic : c’est exactement cela que je cherche. sinon, tu imagines, je serai plombé...

le cargo ! : c’est vrai que j’aurai eu un peu peur de venir...

laconic : mais c’est vrai aussi que je suis emprunt d’une mélancolie, je le sais et je vis avec. j’ai vécu 18 ans dans un petit village de normandie, à 120 kilomètres de paris. il n’y a rien là bas. a coté de mon village une ville comme dieppe, je la trouve jolie... chez moi c’est plat, avec des vaches et des champs. 800 habitants dans ce village, mais j’adore y retourner, j’y retourne tout le temps et quand je reviens à paris je ne suis pas heureux et j’ai envie de repartir... si il y avait un peu plus de soleil, je verrai peut être les choses autrement. tout ça est très lié. j’ai aussi vécu plusieurs années à bruxelles, c’est une ville où tu fais tout le temps la fête et en même temps c’est une ville dure où il faut mauvais tout l’année, c’est un immense courant d’air permanent, c’est une ville qui est tout le temps en construction. tu te sens vraiment écrasé et minuscule, cette ville est un gros bloc de béton et comme certaines chansons ont été écrites la bas c’est sûr que cela joue. tout cela est lié. mais je ne désespère pas de faire des chansons un peu plus légères. mais je trouve aussi qu’il y a de l’humour dans certaines des chansons de pensées en escalier, vraiment. "il était une fois l’amour", c’est tout sauf une chanson triste.

le cargo ! : "un exemple de quotidien", il y a un moment où c’est tellement énorme que l’on peut en rire...

laconic : je ne sais pas si cela s’entend mais quand je dis « un agent à avalé son sifflet » je suis vraiment mort de rire. alors que tout cela est glauque, cette image est assez ridicule. tout cela prête à sourire.

le cargo ! : en réécoutant l’album hier je pensais à certains david lynch où tout est tellement extrême parfois que cela en devient drôle. il y a ce recul qui permet à la violence chez lynch ou le coté sombre chez toi de passer...

laconic : il y a une scène où une fille meurt dans un accident de voiture dans un film de lynch, et elle sort un truc du genre « j’ai oublié de téléphoner... », enfin une réflexion du quotidien. j’adore ce décalage.

le cargo ! : si il n’y avait pas cela dans ton album cela serait assez dur à supporter...

laconic : c’est aussi pour cela que j’ai glissé trois instrumentaux au milieu des 12 morceaux de l’album. cela permet de souffler. je n’aime pas beaucoup les chansons avec des refrains, je pense que cela se remarque, mais c’est aussi pour cela que j’ai gardé il était une fois l’amour, c’est pour terminer l’album avec cette guitare assez spontanée. en fait c’est un gag à l’enregistrement. quand je travaillais avec christian on s’enregistrait mutuellement - nous avons la même formation de son tous les deux - et je me suis retrouvé en boucle par erreur. christian jouait et là où il devait faire deux mesures, il en fait 48. j’ai trouvé cela tellement bien que je l’ai laissé, lui ne sachant pas quand cela s’arrêtait à continué à jouer. c’est pour cela qu’il y a des moments où c’est plus ou moins fort. c’est assez drôle de se dire que l’album se termine comme cela, avec un morceau dû au hasard.

le cargo ! : quand as tu réfléchi à l’état d’esprit des futurs auditeurs de ton album ? les sentiments et l’état d’esprit que l’on peut avoir en écoutant pensées en escalier. josh haden de spain nous a dit qu’il allait même jusqu’à choisir chaque instrument, chaque son en fonction du sentiment qu’il procure à l’écoute.

laconic : sur certaines chansons j’ai fait un peu comme cela, en réfléchissant. forcément quand tu écris un texte tu te dis qu’il te faut plutôt certains sons comme ceci ou cela pour l’accompagner... dans un bel exemple de quotidien, quand l’orgue arrive c’est un moment dramatique. dans il était une fois l’amour, la partie un peu opéra, la fille qui fait des haaaaaaaahaaaaaaaa - il vocalise - c’était assez tentant de l’utiliser quand je raconte une histoire un peu lyrique. mais pour d’autres morceaux je ne me pose même pas la question.

le cargo ! : en fait tu fais parfois un mise en scène, un mise en musique de tes textes ?

laconic : tout à fait. c’est un travail que je faisais souvent avec christian. je lui présentais une maquette d’un morceau, avec grosso-modo une vingtaines de sons, des bouts de textes déjà et avec lui, sans avoir besoin de se parler, on savait que sur tel morceau il y avait tel humeur à amener et il y a donc des sons qui s’imposent. cela devient vite une évidence que nous allons travailler autour de ces sons. ensuite tu te dis que là il faut un break, là une introou que là ce n’est pas la peine... ...l’attaché de presse qui a travaillé sur la sortie de pensée en escalier téléphone... elle a quelques problèmes pour se faire payer par delabel, l’éditeur de laconic. l’indépendance totale est une galère de tous les jours... on change de sujet de conversation pour revenir à quelques sujets plus terre à terre... on remet le magnéto en marche...

...je fais des musiques de pub. je vis grâce à ces droits d’auteur. si je mets bout à bout toutes les avances qu’ils (delabel éditions) m’ont fait, cela représente 80 000 francs pour l’album, et ça ils me le répètent tous les jours. dès que je leur demande un franc il me rappelle les 80 000. alors que c’est de l’argent qu’ils vont récupérer avec la sacem, avec les droits que je leur amène. ce sont des réalisateurs, des amis avec qui je travaille sur des pubs... ce n’est pas eux qui m’amène les plans. le poulpe, c’est moi aussi. mais il va falloir que je rentre dans une autre manière de fonctionner avec eux, j’ai un contrat d’exclu avec eux... par exemple j’aimerai sortir un disque avec les musiques de pubs que j’ai composées. je n’ai pas de thunes, il faut les mixer, alors je vais aller les voir et si ils me disent non je vais demander à déposer mes morceaux ailleurs. pourquoi ils gagneraient de l’argent sur mes titres... tu vois, par exemple, j’ai fait la musique pour un moyen-métrage, le film d’un copain. comme il s’est pas mal vendu il va y avoir des droits télé avec france 2. ce n’est pas énorme, mais il y en a quand même pour 20 000 francs à peu près... juste pour les droits, pour eux c’est tout bénéf. ! si le film passe plusieurs fois sur france 2 et qu’il est racheté par arte, ils gagnent encore de l’argent...

le cargo ! : en parlant d’image, as tu un clip ?

laconic : je vais avoir un clip que j’ai fait avec des potes - ceux du moyen-métrage dont je viens de te parler, sans budget. le titre "radio", qui est sur l’album a inspiré cet ami pour faire un court-métrage. au début il me disait on peut en faire un clip, puis il m’a dit qu’il avait des choses à raconter et qu’il voulait en faire un court-métrage qui peu à peu est devenu un moyen-métrage qui fait 22 ou 23 minutes. du coup la chanson est un peu courte et ne colle plus vraiment avec ce qu’il raconte dans le film. c’est l’histoire d’un homme dans le nord de la france qui se souvient... tout cela dans des paysages dévastés... quelque chose de très gai ! donc j’ai composé la musique de ce film d’une manière totalement inhabituelle... normalement je prends des samples, je secoue, je mélange et je vois ce qu’il reste en me laissant aller au feeling. mais pour celui-ci j’ai fait de la musique classique : violoncelle, alto, violon, piano et guitare acoustique. j’ai fait cela à la maison, toujours avec mes machines, avec des sons pourris de violon et d’alto et la semaine dernière nous sommes allé mixer cela. on a terminé hier soir et le film sera fini, je pense, d’ici la fin du mois. du coup on va récupérer des images du film et on va en monter un clip pour la chanson.

le cargo ! : donc tu as fait une musique d’un film inspiré de l’une de tes chansons !

laconic : c’est vrai qu’au départ j’étais un peu sceptique, moi j’essayais de lui vendre ma chanson. il me disait que la chanson est très bien, on va en faire un clip - qui d’ailleurs est monté, je ne le montre pas encore mais il est fini - mais j’ai eu du mal parce qu’après il m’a demandé de changer mes habitudes de travail. je ne suis pas du genre à aller chercher des mélodies, dans l’album il n’y a pas vraiment de mélodies dont tu peux te souvenir.

alors que pour lui, ce que j’ai fait, ce n’est que cela. ce qui, du coup, m’a donné confiance pour la suite, j’avais envie d’aller vers cela, et c’est aussi pour cela que j’ai envie de faire de la scène en acoustique. pour les samples j’ai l’impression d’en avoir fait le tour avec cet album. pour le chant, j’ai aussi envie de travailler avec d’autres chanteuses ou chanteurs, avec des gens comme brigitte fontaine ou quelqu’un qui a la même voix qu’elle. j’adore sa voix et le personnage, j’ai vraiment envie de travailler avec des partenaires et sûrement de façon plus classique. j’aime bien chercher, il y a trois semaines j’ai fait un truc que je n’avais jamais fait, j’adore ça : une musique pour une pièce de théâtre. on me téléphone pour me parler d’une pièce où il fallait 73 minutes de musique et j’ai eu trois jours pour le faire ! j’ai donc fait un morceau d’une heure treize. c’est un morceau ultra répétitif, assez sombre... proche de mon univers. je l’ai fait, le morceau existe, la pièce s’est jouée et c’était assez intéressant à faire. dès qu’il y a quelque chose à faire, à essayer j’y vais. c’est un morceau que j’ai envie de retravailler, il y a ce qu’il faut pour la pièce, mais sur un disque il faut rajouter certaines choses pour que cela coule mieux et je vais sortir cela sur disque. ce qui me fait assez rire, un morceau de 73 minutes... le truc pas chiant à écouter déjà !

le cargo ! : tu ne peux même pas passer au suivant. c’est tout ou rien... la musique de pub cela te permet d’essayer ?

laconic : j’ai de la chance parce que j’ai travaillé sur des projets où l’image est vraiment pas mal. c’est rhône poulenc, volvic ou michelin... l’image est pas mal, un peu moderne et branchouille. a partir du moment où je fais de la musique pour coller à l’image, j’apprends. dans la pub tu peux essayer des choses, en sachant toujours que les mecs te font chier en t’emmenant dans des endroits où tu ne serais pas forcément allé, mais je pars du principe que j’apprends... dans la pub je suis prêt à faire des concessions parce qu’il y a le chèque à la fin... je ne suis pas prêt à baisser mon pantalon, mais je fais des efforts pour aller dans le sens de ce que l’on me demande. en même temps les gens qui me téléphonent savent ce que je fais, ils ne me demanderont pas de faire de la salsa... je ne sais pas le faire et cela serait idiot de me le demander. par contre si ils veulent du massive attack, je veux bien essayer. même si ça m’ennuie de faire de la copie d’un morceau en soi, c’est tout de même intéressant et je le fais. une fois de plus j’apprends et qui peut se permettre de dire qu’il sait tout sur tout ?

le cargo ! : daan stuyven de dead man ray fait aussi de la musique de pub pour vivre et il m’a dit que cela lui arrivait de vouloir garder certains morceaux qu’il a composé pour de la pub... il espère parfois que le client va refuser son morceau pour qu’il puisse le garder !

laconic : c’est assez drôle ce que tu dis parce que cela m’est arrivé et dans le disque de primaa - autre projet de nicolas dont vous trouverez la chronique sur cargo - il y a 3 ou 4 morceaux, je ne dirai pas lesquels, qui étaient des musiques de pub. il y en a un qui a été utilisé et les trois autres qui n’ont pas servi. quand le morceau me plait vraiment je me dis que de toutes façons je le garde et il suffit de faire attention dans le contrat d’avoir la possibilité de l’utiliser dans un disque. c’est une sécurité que je prends toujours, je ne leur donne pas d’exclusivité et je peux toujours sortir mes morceaux en disque. pour le client si cela ce fait et que le disque marche cela peut être aussi très intéressant.

le cargo ! : à la moby...

laconic : sauf que ce que je fais est un peu plus spécial que moby. il y a peu de chance que cela marche comme lui.

le cargo ! : la musique de cinéma est elle une influence directe ?

laconic : directe. sans problème. ce n’est pas voulu parce que c’est spontané, mais dans mon écriture musicale il y a ce facteur cinématographique. quand j’écris de la musique j’ai des images qui viennent et je trouve que les effets que j’utilise dans ma musique sont vraiment cinématographiques. j’ai arrêté de lutter contre cela.

le cargo ! : on retrouve aussi des influences de musique orientales

...

laconic : j’écoute beaucoup de musiques différentes. du terroir, du maghreb, des trucs qui viennent d’inde.

mais c’est toujours la sonorité qui m’attire, que cela vienne du pakistan ou du voisin d’a coté, il n’y a jamais aucune barrière. si je te disais tout ce que j’avais samplé dans l’album c’est hallucinant, il y a de la musique contemporaine, du classique, de la musique baroque, du clavecin mais après on ne les reconnaît plus... pourtant il y a de tout et de tous les styles. il y a même un bout d’émission de radio... il y a de vrais bruits de sons seuls que j’ai fait, des portes qui claquent et que je passe au ralentit... c’est vraiment n’importe quoi !

le cargo ! : je pensais encore à dead man ray, daan m’a dit qu’il avait des sons assez étranges sur les bandes, des sons étrangers principalement parce qu’il enregistrait chez lui et que les micros captaient tout ce qui se passe et qu’il les gardait dans le morceau pour les mixer ensuite...

laconic : pour moi il y a deux choses, mais que l’on entend pas vraiment sur le disque... il y a une scie circulaire qui coupe du bois mais à cet endroit là, sur ma fée, il y a de la guitare électrique très forte. dans les prises de son du chant c’est tombé à ces moments là. on peut peut-être vaguement entendre dans le fond, mais si vous y arrivez, chapeau ! il y a une partie de l’album enregistrée à la campagne et il me semble que dans "radio" il y a un mouton dans le fond. le mouton n’est pas crédité, parce que je n’avais pas son nom... mais j’essaie vraiment de maîtriser ces éléments, c’est toujours plus facile d’amener que d’enlever, je trouve. mais c’est vrai aussi que je les transforme tellement, que même moi je ne sais plus... je commence en le faisant à la va vite, en général il y a du souffle et donc je me dis que je vais le re-sampler, hyper clean... sauf que je ne sais plus à partir de quoi je l’ai fait... parfois je retrouve, mais c’est trop tard. le morceau est déjà mixé depuis longtemps !

le cargo ! : tu as d’autres morceaux - pub ou cinéma - qui n’ont pas été retenus ?

laconic : j’ai aussi un morceau dans un film de lewis furey - rats and rabbits - qui n’a pas du tout marché. je n’ai même pas vu le film, mais c’est une histoire un peu compliqué. j’ai aussi bossé pour un film de j. lévy, bon plan le réalisateur ne m’a jamais demandé de venir au mixage pour voir ce qui allait ou non... pour lui c’était plutôt ce qui n’allait pas il n’y a pas de problème, si cela ne lui convient pas... mais la façon dont cela s’est passé, c’est un peu naze... j’ai écrit une chanson que les comédiens chantent dans le film. la comédienne principale chante à deux reprises le morceau dans le film et ce sont sûrement les 40 secondes les plus chères du cinéma depuis longtemps. parce que soit il me payait ce que je demandais, soit il coupait ses séquences ! j’ai avancé un chiffre, qui n’était pas en million non plus, et c’était ça et pas autre chose. parce que je me suis fait bouler les morceaux sans me faire payer et surtout sans explication. en pub, je comprends parce que c’est la loi... mais là franchement... maintenant en pub j’essaie même de me faire payer la maquette, minimum...

le cargo ! : le poulpe, c’est aussi un constat amer, ville de province vide, la vision des habitants plus que cons...

laconic : oui, c’est à cause moi ça... non ! en plus sur ce film j’ai écrit les morceaux les plus trashs... la rave partie à l’extérieur avec le nain, la scène où le poulpe se bat dans un bar. tous les endroits un peu sombres et glauques.

cela a été une super expérience. le réalisateur avait des idées bien précises et c’est une musique de commande, donc je suis allé dans le sens du film en suivant des idées précises. je devais faire un morceau, une maquette sans aucun budget. ca va ! présenté comme cela, je le fais. alors que pour jérôme lévy c’était plutôt t’inquiète pas tu feras toute la bo du film, j’ai fait quatre ou cinq morceaux de création pure te le mec me boule avec un message sur lé répondeur... alors que pour le poulpe j’ai fait un morceau, puis le réalisateur m’a demandé si je ne voulais pas essayer d’illustrer telle séquence... puis deux, trois... dans le film il y a neuf morceaux plus ou moins longs selon le mixage final. c’est vraiment une expérience dont je ne regrette rien...

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publié par le 18/11/00