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publié par Guillaume Mazel le 01/12/15
Kramies
- Forêts antiques
Forêts antiques

Je serais idiot de vouloir nier que Kramies est accroché á ma bouche comme á mes oreilles depuis presque deux ans, depuis cette présence quasi ectoplasmique et éthérée de la beauté sonore de son "Wooden heart", sonore et deux fois visuelle, l’une par l’excellent travail de Jérôme Sevrette pour l’artwork, et l’autre pour la facilité d’imagerie qu’inspirent les sons et la personne même de Kramies, frêle figure assise sur sa chaise, blond comme petit môme hirsute sur la scène, puissant de simplicité, fragile dans l’immensité. Des années sans temps matériel, bercé par ce flot lent et étincelant de rivière a la fois mère, Bagheera, et a la fois cicatrice de plaies ouvertes et Peter Pan, deux années, allongé sur cette berge a devenir l’oriflamme et le clairon de toutes ces petites perles qu’il offre ci et là dans des coquilles d’huîtres illuminées qui jonchent le fond de son âme, et je dis bien qu’il offre, car mon très cher troubadour américain est aussi généreux en paysages oniriques qu’en disques, la preuve en est là que ce live enregistré en début d’année dans le somptueux théâtre d’Anger (et qu’existe-t-il de plus beaux pour rêver qu’un théâtre de cet acabit ?) en première partie de A singer must die est cadeau. Kramies y est encore plus fragile car plus vrai, a fleur de peau, sans maquillages de carnaval, ni fuites, ni évasions possibles, rester là, aux bras de sa guitare, et se jeter aux loups de grandes oreilles qui peuplent la salle. Mais voila, le frêle et talentueux ( Jason Lyttle sera d’accord avec moi) petit lionceau de crinière feu inspire un respect qui va jusqu’au silence du monde, l’univers se tait sur les phrasées nostalgiques et sensibles du chantre, Kramies vous bouge, dans l’inertie de l’émerveillement, Kramies vous a pris dans son courant de rivière tranquille, Kramies vous emporte je ne sais où ni le saurais, mais on part tous, qu’importe, plus on s’éloigne a ses côtés, plus brille l’or et le solfège, s’enflamme la surface de l’eau, s’abasourdit le monde, et le silence se fait, et le silence se remplis, et le silence se chante. Oui, je ne suis pas objectif et sûrement très partial, c’est chose impossible a l’écoute des dérives songeuses de Monsieur que de ne pouvoir prendre partie, ne pouvoir prendre des ailes, ne pouvoir prendre les rêves pour des réalités. Mais profitez de l’aubaine, profitez de ces paumes de mains emplies de trésors a portée d’écoute, profitez de cette manière de voyager ailleurs que dans nos peaux, profitez de ce laps de temps a part du monde, profitez de ce courant qui déroule sous vos chairs ses lueurs et étincelles.

Kramies - Ireland (Live)

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publié par le 01/12/15