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publié par Mickaël Adamadorassy le 22/02/11
Iron & Wine + Tim Kasher - Alhambra, Paris - 17/02/2011
Alhambra, Paris

Tim Kasher

Invité de dernière minute, Tim Kasher (par ailleurs, leader de Cursive et ami proche de Conor Oberst de Bright Eyes ) est là pour défendre son album, The Game of Monogamy sorti fin 2010. Un album plutôt intéressant, même s’il n’a pas grand chose à voir avec Cursive qui fait plutôt dans le gros son, le gros bordel et où Tim y va régulièrement de la bonne gueulante qui soulage (mais limiter Cursive à ça serait dommage, il y a des aspects limite math-rock dans la rythmique et surtout une utilisation rock du violon qu’on a rarement vu aussi judicieuse).

Sur The Game Of Monogamy, l’instrumentation est plus variée, on a des cuivres judicieusement arrangés, les ambiances sont plus posées. L’album est en quelque sorte le regard qu’un type qui essaie de se détacher des émotions brutes, de faire le point, pose sur sa vie amoureuse et par extension sur les codes de la société dans laquelle il vit.

Il y a donc une certaine ambition dans ce projet solo mais date de dernière minute oblige, Tim a pris l’avion tout seul depuis Berlin et joue donc sans le groupe qui l’accompagne sur la tournée, exit donc la pop orchestrale de l’album, on a droit à un set guitare-voix, forcément très dépouillé par rapport à l’album.

Exercice pas évident du tout face à un Alhambra sold-out rempli de fans d’Iron & Wine, mais Tim s’en sort plutôt très bien, il prend le temps d’introduire ces chansons intimistes façon tranche de vie, avec la dose d’humour et d’auto-dérision qui évite le trop de pathos (car on parle essentiellement de déceptions amoureuses et d’histoires qui finissent mal) . Et puis le bonhomme sait gérer son set, y introduire de l’énergie, emballer la machine en tirant parfaitement partie de sa voix pour quelques passages à vif presques hurlés.

Résultat rarement une première partie guitare-voix aura su tenir un public comme ça, par contre on peut se demander ce que le public en question en aura retenu, au delà du type qui chante des chansons sur ses ex, et c’est donc un peu dommage qu’il ne soit pas venu avec son groupe, ce qui aurait permis de donner un vrai aperçu de l’album.

Iron & Wine

Sommes nous trop gâtés ? Sommes nous blasés par la profusion de concerts à Paris ? On peut se poser la question après ce concert d’Iron & Wine...

Parce que sur scène on a eu droit à un groupe impeccable, on peut même parler de big band à ce stade. Autour de Sam Beam, on retrouve un guitariste qui joue aussi du banjo et de la mandoline, un bassiste qui alterne entre une basse électrique et un synthé basse, une section cuivres/vents avec saxophone, flute traversière et clarinette selon les morceaux, en plus du batteur, un percussioniste, un claviériste et une choriste. Et tout le monde joue très bien... même le saxophone (j’ai rien contre vous amis saxophonistes mais depuis les années 80, le saxophone dans la musique dite pop a marqué bien des heures noires ou juste drôles).

Et Sam Beam. Un type qui écrit des chansons aussi belles, qui arrive à parler de la terre comme quelque chose de noble et précieux, à donner la nostalgie d’une Amérique qui n’existe probablement plus qu’au travers de gens comme lui. Un génie pareil je l’imaginais forcément autiste, voir un peu bourru, le genre à jouer les yeux fermés, à marmonner quelques mots entre les morceaux et à vous donner l’impression qu’il est pas vraiment à sa place et qu’il a juste hâte de rentrer chez lui (ça a l’air pathétique comme ça mais ça réussissait très bien à Jason Lyttle dans Grandaddy)

Faux sur toute la ligne, au delà de la grande barbe et du costume de gentleman farmer à l’américaine, on a un musicien souriant, qui garde les yeux ouverts et les a même souvent sur son public. Il assume très bien son statut de remplisseur de salles, gère très bien les nombreuses ovations et glisse même quelques plaisanteries entre les morceaux (le sujet du jour étant le nombre d’américains présents dans la salle qui lui fera se demander pourquoi se donner la peine de venir jouer en Europe).

Musicalement que ce soit à la guitare que dans sa performance vocale, il est parfait voir impressionnant sur le morceau final presque a cappella. Et son groupe pareil, d’autant plus que d’un morceau à l’autre on peut changer radicalement d’ambiance et de style, passer de quelque chose de très électro à de l’americana façon Calexico, d’une folk très dépouillée à quelque chose de très énergique, voir même carrément rock.

Et pourtant il manque quelque chose... on a beau être bluffé par la performance du groupe, charmé par la présence de Sam mais il manque quelque chose. Y a de quoi s’arracher les cheveux, difficile de reproche quoique ce soit à Sam Beam ou à son groupe, individuellement les morceaux fontionnent même plutôt bien mais il manque une petit étincelle, quelque chose qui vous donne l’impression de vivre un grand moment, une charge émotionnelle en plus. Pour revenir au Jason Lyttle cité plus haut, tout autiste qu’il est, il a quand même réussi à m’arracher quelque larmes lors d’un he’s simple, he’s dumb, he’s the pilot mémorable au café de la danse.

Ici rien de tout ça, on apprécie les morceaux mais on est pas emballé, retourné, peut être est-ce l’enchainement un peu incohérent de styles différents, peut être est-ce le fait de jouer avec autant de musiciens qui "dilue" la musique plutôt qu’il ne la magnifie mais on en attendait plus de Sam Beam parce que sur disque il y a un pouvoir évocateur énorme qui appelait mieux qu’un "bon" concert mais c’est déjà pas mal non ? ou alors on est vraiment des enfants gâtés..

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publié par le 22/02/11