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publié par Guillaume Mazel le 06/03/16
Hurdy Gurdy
- Les turpitudes en fleurs de Scarlatine Wepler
Les turpitudes en fleurs de Scarlatine Wepler

Et bien voilà un disque loin d’être idiot, bien que des disques idiots soient capables d’émouvoir, voilà un disque de culture, un disque de savoir, de connaissance, risqué et d’une architecture fantasque et fantastique, un objet compact, mesure des pieds a la tête, mesuré des mots aux sons, construit du fœtus a la maturité, songé, calculé, composé. Un disque de savoir, car il en faut pour ce jeter dans ce cirque là, parce qu’un ignorant n’y trouverait qu’un doux plaisir, alors que sous le plaisir brule l’art, l’ironie et la beauté, il y a ici des couches et des couches d’intelligence et d’intellect, des strates et strates de musique, des peaux et des peaux de sensations jusqu’au noyau, au magma virevoltant. L’entête précise « Un conte musical / polaroid / trash / précieux et je ne doute d’aucun d’eux, la musicalité n’admet l’ombre d’un doute, les imageries sont éphémères dans leurs vitesses de passage, le trash est une spontanéité chaotiquement ciselée, et précieux est le résultat d’un travail passionné et voué a l’ivresse des sens. Voici un disque qui malgré la froideur de sa création, chaque angle bien installé, chaque courbe bien située, malgré le noir et blanc de sa thématique, ce disque est chaud comme l’ambiance d’un moulin rouge, sale, vicieux et rouge sang comme les amours et les narrations grandioses. Comment ont-ils abouti à cet équilibre, ces funambulismes scientifiques d’ Hurdy-Gurdy, littéraires passés de cabarets en cirques, créateurs aux verbes d’absinthe, acrobates détournés en proseurs, forains d’encre en veine. Sans doute que menés par un idéal d’auto-plaisir et une idée claire des longues et ardues routes qui mènent a la différence, a l’autre musique, a la possibilité d’autres émois. Voici donc un disque a page ouverte, un livre a son, un audio livre entrainant, scènes épicées et touche romantique balbutiée par un dadaïste égarée et sa cohorte de musiciens, balbutiement de déclamations, chanté en forain sublime, dialogues d’amour et des amour enlevés comme polka, histoire coloniale, impériale, gothiquement frénétique sur fond de manèges, une lecture sonore qui ne laisse s’échapper le temps en abreuvant ouïes et neurones à l’unisson. Voilà un disque intelligent, qui avec talent offre des mariages de chapiteau colorée et pages jaunies et qui vient nourrir de plaisirs multiples ces fêtes lumineuses.

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publié par le 06/03/16