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publié par gab le 16/04/13
Future
- Abyss EP
Abyss EP

« Nom de Zeus ! Ils ont retrouvé la DeLorean ! »

Oui, je sais, c’est un peu facile comme entrée en matière mais quand on choisit Future comme patronyme et qu’on joue une musique particulièrement datée carbone-14-ement parlant, il s’avère difficile pour le chronijoueur de résister à la tentation. Nous revoici donc le 26 octobre 1985, Marty vient d’échapper aux libyens et Future débarque de l’autre côté de l’Atlantique dans une Angleterre qui se réinvente inlassablement en meneuse de revue de nouveau courant musical, en l’occurence la noisy-pop1. Oui, à l’automne 1985, la DeLorean et Psychocandy fument à l’unisson puisque The Jesus and Mary Chain vient de sortir son premier album et le Future ne sera plus jamais comme avant.

[plop !]

De retour en notre bonne vieille année 2013 (on vous passe Doc, orage et autres foisonnantes péripéties), Future se met au travail et mobilise tout son savoir-faire pour retrouver, sur son Abyss EP, ce son du passé futuriste (ou plutôt l’inverse, on s’y perd au bout d’un moment). Et tout y est, on s’y croirait, la batterie aux accents synthétiques et hypnotiques, les guitares bruitistes et saturées, le chant masculin en retrait avec effets multiples. Une étonnante, et quoi qu’on en dise troublante, plongée dans le passé, le nôtre, celui qui fait qu’on est qui on est, tout en étant devenu quelqu’un d’autre (on ne maitrise pas encore tout à fait les effets des aller-retours en DeLorean, faites comme si de rien n’était). Or, qu’on se le dise, en 2013 tout est permis, My Bloody Valentine nous fait son propre retour vers le futur et c’est la foire d’empoigne, Indochine sort un nouvel album et The Jesus and Mary Chain se réincarne. Jusqu’où ira-t-on ? Alors on râle, parce qu’on est français et que c’est notre activité préférée, on commence par le scepticisme mais on l’écoute quand même (Future, pas Indochine, suivez un peu). Oui, on râle car « Pourquoi une copie conforme de ce qui se faisait à l’époque ? », « Pourquoi remuer les sédiments du passé ? » et puis on écoute, on réécoute, on réréécoute et on n’arrive plus à ne pas réréréréréréécouter. Pris au piège que l’on est parce qu’ils le font quand même vachement bien, c’est bluffant de réalisme, c’est même mieux que l’original (toujours eu un peu de mal avec The Jesus and Mary Chain bizarrement) puisque tout l’héritage noisy-poppeux vient s’infiltrer en filigrane dans leur musique. Que demander de plus que ces gimmicks de guitare et cette voix à la froideur émauffante2 ? (ils ne connaissaient peut-être pas le réchauffement climatique à l’époque mais savaient souffler le chaud-froid comme pas deux). Et pourquoi pas, après tout ? Pourquoi pas s’autoriser à revisiter la fin des années ’80 si on en a envie, voire, soyons fous, autoriser de petits jeunots à le faire si eux aussi en ont envie ?

[prrrrrrrrrrrp !]

Oui, pourquoi se refuser un petit plaisir alors que la boucle semble bouclée et qu’un nouveau cycle commence ? Profitez donc du retour du printemps, mettez vos vieux chroniqueurs à la benne, ouvrez grand les fenêtres et montez le son. Oui, prenez du bon temps pendant que vous le pouvez mais prenez garde à vos arrières, le grunge3 arrive !

 

1 aussi communément connue sous l’appellation shoegaze pour la propension naturelle qu’ont ses protagonistes à fixer leur rack d’effets plutôt que leur interlocuteur

2 le vieux chroniqueur invente des mots si ça lui chante comme cette contraction d’émotivement chauffante (évitez si possible de le contrarier, c’est mauvais pour ses rhumatismes)

3 ça marche aussi avec britpop mais j’avais épuisé mon quota d’insanités pour un seul article

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publié par le 16/04/13