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publié par Renaud de Foville le 20/04/04
experience - préparer les interviews

rendez vous était pris à labels pour rencontrer michel et widdy. evidemment c’est un peu étrange de ne plus les voir chez lithium, de savoir que l’on ne passera pas plus de temps à parler dans les bureaux avec vincent et christophe qu’avec le groupe qui enchaîne les interviews. pour être honnête sur le cargo ! on a déjà du mal à se dire que dominique a n’est plus chez lithium alors avant qu’on se fasse à l’idée pour les programme, expérience ou les oslo je crois que ce n’est pas prêt d’arriver. en tout cas on est très heureux de pouvoir passer un moment avec la moitié du groupe et de vous faire profiter de l’intégrale de cette conversation de haute volée (il n’y a qu’à voir le début !) avec les expérience qui viennent de nous apporter un pur disque de rock, avec tout pleins de guitares dedans et qui nous promettent une tournée à ne pas rater avec en guise de premier rendez vous parisien un nouveau casino le 30 avril.

michel : ca enregistre là ? il va sous l’eau ton md... on dirait une montre ou un i pod ! les i-pod, ça enregistre aussi ?

air : je crois oui... bon, on y va... parce que maintenant on a 30 minutes, ça rigole plus. on est dans un major quand même ! bon, je commence toujours par la même question : expérience se retrouve chez moi entre etant donnés et...

michel : je connais, de nom...

air : ils viennent de jouer avec a. vega et christophe... et fad gadget !

michel : oui, je vois... c’est bien ça, mais c’est parce que tu as de bons disques... chez d’autres cela peut être entre... d’autres disques.

air : ca vous va comme voisins musicaux.

michel : a vrai dire je ne connais pas très bien, mais ça me paraît pas mal. je connais de réputation, j’ai jamais vraiment écouté. cela me semble pas mal !

air : bon on peut difficilement commencer sans un mot sur lithium. que pensez-vous de la fin de lithium et de la situation actuelle du disque. dernièrement la fnac a annoncé que leurs ventes étaient excellentes, contrairement à ce que l’on peut lire partout.

michel : je crois que la fnac a installé une nouvelle manière de comptabiliser. tout est pointé à la caisse. si ton disque reste 2 ou 3 semaines en rayon et qu’il ne se vend pas, il part tout de suite dans les retours. cela fait de la place dans les rayons, en gardant surtout les disques qui se vendent. c’est peut être ça leur bon résultat. notre disque ne va peut être pas rester longtemps à la fnac... (rires) la crise... euh... oui, il y a une crise, mais je suis assez partagé la dessus. pour les majors il y a un problème avec les actionnaires qui veulent toujours plus. et puis si elles en sont là aujourd’hui, elles l’ont quand même pas mal cherché. c’est à dire qu’il y a des choses qui se sont développés comme internet et elles n’ont pas su adapter leur marché à ça... et en même temps, on en parlait il y a cinq minutes avec les gens de labels, le public en a peut être marre de claquer 150 balles pour un album où il y a un ou deux bons titres. il y a pleins de " grosses sorties " avec un ou deux titres valables sur l’album et le reste c’est du remplissage autour du single, alors faut pas s’étonner que l’album ne se vende pas. il faut aussi adapter les moyens de production, les coûts à la crise économique du secteur. c’est à dire que plutôt que de mettre le paquet sur un album et de mettre l’artiste à la porte si l’album ne se vend pas, tu produis deux ou trois disques avec le même budget et donc tu développes ces artistes au lieu de jouer la carte de l’artiste jetable. parce que les gens ne sont pas aussi idiots que ça et que dans la situation de crise se sont les petits qui morflent en premier.

sinon, lithium aux dernières nouvelles c’est pas totalement terminé, le catalogue reste. je ne sais pas encore ce que va faire vincent (n d r : vincent chauvier fondateur et grand manitou de lithium) ... nous, quand on a appris ça... cela nous a un peu... c’était un coup dur, juste au moment où l’on devait sortir un disque. cela faisait plus de dix ans que je travaillais avec eux. cela à été un peu une douche froide. c’est vrai que l’on n’y peut rien, on espère juste que pour eux il y aura un moyen dans le futur de refaire quelque chose. des gens comme vincent il y en a besoin dans l’industrie musicale. je ne peux que lui conseiller de ne pas arrêter, de continuer cela... parce que des gens qui ont du goût, qui ont des choix intelligents et surtout une véritable direction artistique.. ce qui est un peu le pourquoi de la crise dans l’industrie du disque... c’est à dire qu’il y a beaucoup de marketing, mais pas assez de direction artistique. l’investissement dans la direction artistique c’est le propre des labels indé, il y en a souvent beaucoup plus que des moyens ou de marketing. j’espère vraiment que vincent va rebondir et ne pas laisser tomber. il faut absolument qu’il y ait des gens comme lui dans la musique.

air : quand vous êtes arrivés à labels, l’album était fini. il n’y a eu aucun changement ? aucune demande de la part de labels ?

michel : comme il était terminé, c’est assez difficile de refaire faire des choses, et je crois que cela leur plaisait comme ça... tant mieux. l’histoire c’est que le transfert juridique a été vachement long, ça a pris 6 mois. l’album aurait dû sortir en fin d’année dernière et il sort au mois de mars. il y a eu tout un tas de truc juridique sur les contrats qui ont été vachement longs. on a enregistré en avril 2003, on a mixé en juin et on était prêt en août.

air : juste quand lithium a vraiment commencé à prendre l’eau et qu’ils ne pouvaient même plus investir sur la sortie des albums finis...

michel : oui, en plus il y en avait trois : oslo, bertrand betsch et nous. (n d r : il y avait aussi le bogue de programme) c’est déjà un bel exploit d’avoir tenu lithium plus de 10 ans. c’était pas évident de faire vivre cela aussi longtemps. il y a quand même un beau passif... connaissant vincent... je ne peux pas parler à sa place, mais il peut s’y remettre...

air : j’ai souvent parlé avec vincent de la situation. du rapport musique/média par exemple. il m’a toujours dit qu’il y avait beaucoup d’articles sur expérience ou programme mais que l’influence des papiers sur les ventes était vraiment faible.

michel : aujourd’hui ce qui fait vendre c’est la radio.

air : sur hémisphère gauche, il y a plusieurs morceaux qui sont quand même largement " diffusables " à la radio. assez accrocheurs. mais en étant assez réalistes on sait tous que cela va être super dur que vous soyez diffusés.

michel : bien sûr, la musique est vraiment ultra formatée !

air : pourtant les paroles sont engagées, mais pas provocantes ou choquantes...

michel : non, mais... tout est lisse. mais le public achète beaucoup moins de disques, les gens en ont marre d’entendre l’énième copie d’untel ou untel. peut être marre aussi d’être pris pour des cons avec des albums avec deux singles dessus et c’est tout, que l’on entend à la radio et le reste n’étant que du remplissage. moi, je garde espoir. je me dis que si nos musiques ne passent pas vraiment à la radio, on continue d’intéresser quand même un certain public. d’une autre manière. par la scène déjà, je ne sais pas.

widdy : on est aussi une sorte d’alternative à ce qui se passe à la radio. finalement c’est peut être pas plus mal de ne pas être mis dans le même sac.

michel : en même temps si on y passe cela ne me dérange pas. j’ai rien contre la radio spécialement... mais c’est vrai que c’est assez impénétrable en ce moment. on va voir, on ne sait pas encore ce qu’il va se passer.

air : vous avez prévu des morceaux à mettre en avant...

michel : il y a plusieurs morceaux, mais on en parle encore en ce moment. aujourd’hui il y a aussi d’autres moyens pour les gens qui écoutent de la musique d’y accéder. je pense que les gens en ont eu un peu marre de la presse, d’être pris pour des cons aussi toutes ces dernières années. de se retrouver avec pleins de disques moyens. avec la presse, tu sais plus très bien si tu lis un magazine ou un dépliant de maison de disques. on achète plus la presse pour se tenir informé que pour y trouver un avis. sinon soit tu écoutes la radio, et tu entends directement le morceau en question, soit tu vas sur le net et tu accèdes à pleins de choses. cela m’arrive très souvent de télécharger des morceaux ou des extraits d’albums pour me faire une idée. si j’ai l’impression en écoutant les extraits qu’il y a trois chansons qui sont bonnes je les télécharge et je n’achète pas le disque. mais si ça me plait je l’achète. c’est peut être un piège mais en ce moment on est en pleine mutation. il y en a qui parle de la disparition du format cd pour la distribution de fichiers numériques. on est un peu dans une période un peu merdique, parce qu’on est le cul entre deux chaises. entre l’ancien support - le disque classique, avec sa pochette... - et une autre manière d’écouter de la musique. je ne sais pas si c’est mieux ou si c’est moins bien, mais je crois qu’il ne faut pas trop se poser la question. il va bien falloir réagir quoi qu’il arrive. il faut essayer de trouver le meilleur compromis. nous sommes à une époque charnière et c’est pour cela que les maisons de disques sont un peu perdues.

air : et plus elles sont grosses, plus elles sont lentes à réagir...

michel : oui, c’est ça et c’est vrai que c’est assez délicat pour elles de s’adapter. ce n’est sûrement pas évident de trouver des parades... je ne sais pas... je ne sais pas...

air : parlons un peu de l’album, quand même... est-ce plus l’album d’un groupe uni par rapport au premier ?

widdy : pour le premier nous sommes arrivés en cours. pour celui là on a composé ensemble dès le début. du premier au dernier morceau. ce qui fait toute la différence avec le premier album où les choses étaient déjà faites avant qu’on arrive. je pense que cela se ressent.

air : il y a un coté résolument plus rock...

michel : ca c’est la scène... parce qu’on a beaucoup tourné. a l’époque du premier album j’avais pas fait de scène avant d’écrire les morceaux. l’album avait été pensé de manière un peu bizarre. il y a des morceaux que j’ai enregistrés tout seul qu’on a pas du tout retouché, d’autres qu’on a retravaillés ensemble que j’avais déjà maquetté. c’était pas vraiment adapté à la scène, on s’en ait très vite rendu compte. et puis de faire autant de concerts ça a soudé le groupe humainement et musicalement surtout. je pense que cela se ressent quand on écoute le nouvel album. ce qui a rendu les choses beaucoup plus rock. de par le son de groupe, de par l’expérience de la scène. on a sentit tous ensemble la direction qu’il fallait prendre sur les nouvelles chansons. mais ce qui est paradoxale avec le disque c’est que c’est à la fois beaucoup plus rock que le premier et en même temps beaucoup plus sampler. widdy : c’est ce que j’allais dire. il y a quand même un autre niveau de recherche, une autre perspective qui s’ouvre avec certains morceaux comme "hémisphère gauche" ou "le diable", où il y a eu plus de recherche... cela a pris plus de temps à trouver quelque chose qui nous stimulait que certains morceaux qui sont plus des morceaux... c’est pas qu’on s’en lasse... michel : c’est plus des morceaux de scène... ce que j’aime bien dans le disque c’est l’équilibre entre des chansons très rock, plus " classique " et d’autres qui ne sont pas moins évidentes à écouter mais qui sont plus personnelles en terme musical. c’est ce que j’aime bien et c’est assez paradoxal par rapport au premier album. hémisphère gauche est beaucoup plus rock, mais plus machine en même temps. même pour les voix il y a plus de pêche, plus d’agressivité et en même temps quelques bribes des mélodies... c’est un peu de ... tout !

air : il a été plus complexe à enregistrer ?

michel : non, pour moi en terme d’écriture de textes, c’est allé beaucoup plus vite que pour le premier album et j’ai l’impression que musicalement c’est aussi allez beaucoup plus vite. la on se connaît mieux qu’à l’époque de aujourd’hui, maintenant.

air : plus le fait que certains morceaux étaient déjà écrits pour le premier ...

michel : oui, il fallait déjà s’adapter à ça... donc après le premier et un an et demi de tournée, forcément les choses sont allés beaucoup plus vite. ce qui a pris du temps c’est l’enregistrement et la sortie. sinon cela s’est fait assez facilement. enfin, je trouve.... widdy : les morceaux sont venus au fur et à mesure. michel : il n’y a pas trop de déchets. il y en a eu un mis de coté parce qu’il n’allait pas vraiment à l’ambiance de l’album. par contre on est très sélectif. c’est à dire que quand on commence à travailler sur une chanson, si très vite on se rend compte que passé l’excitation des premiers instants cela ne tient pas la route, allez hop !... on passe à autre chose. widdy : on n’aime pas trop insister sur un truc. michel : quand tu te remets à écrire tu es un peu obligé de faire des mauvaises chansons que tu mets à la poubelle ! enfin des mauvaises chansons... ;

air : comme un brouillon !

michel : oui, voilà ! un brouillon de ce que tu vas faire après. tu es obligé de passer par certaines étapes. mais c’est vrai que l’on est sélectif. tu joues un truc, puis le lendemain tu t’y remets et tu vois que bof... et tu jettes... on zappe, on passe à autre chose...

air : vous ne vous acharnez pas...

michel : non, on en s’acharne pas sur un morceau. je me rends compte de cela maintenant, c’est qu’il y a certaines chansons où il y a un peu plus de travail, qui sont plus difficiles à terminer. ce qui reste au final c’est ce qui est venu le plus facilement, le plus naturellement. ce ne sont pas les morceaux que l’on écrit et que l’on réécrit encore et au final tu en es à moitié content. j’ai l’impression que tout ce qui est sur le disque est venu assez facilement, une fois que la base est jetée.

air : c’est toi qui écrit toutes les paroles.

michel : ouai... à la main...

air : a l’ancienne, avec une plume....

michel : avec microsoft word surtout ! (rires)

air : je trouve que bienvenu résume bien toute l’ambiance de l’album... disons en ayant un regard un peu pessimiste sur la situation et en même temps avec la volonté de continuer, de ne pas laisser tomber.

michel : c’était déjà le propos du premier album. c’est la merde mais on fait avec.

air : il n’y a pas de cynisme non plus. il y a de l’ironie sur certains morceaux, mais il n’y a pas de leçons données.

michel : c’est parce que cela ne m’intéresse pas trop. je pense qu’il a des gens qui percevront ça, qui arriveront à donner un côté donneur de leçon, mais bon... tout est assez subjectif en musique.

air : a partir du moment où tu ne fais pas une chanson d’amour adolescente...

michel : bah, c’est bien aussi. mais c’est vrai que dès que tu commences à dire des choses il y a des gens qui accrochent, d’autres qui restent à la porte.

air : on te taxe de prétentieux.

michel : oui, c’est cela. c’est assez subjectif. ma position c’est que c’est la merde... widdy : mais faut pas renoncer. michel : oui, c’est ça, sinon à quoi bon faire de la musique, faire un disque. je trouve même que c’est plus intéressant de trouver une énergie pour faire des choses. les artistes que je préfère autant dans la musique que dans le cinéma, c’est des artistes où quand tu vois leur travail tu as aussi envie de t’y mettre. quelque part cela te donne un petit coup de fouet.

air : c’est pour cela que le côté rock de l’album est communicatif, disons que cela le tient éveillé.

michel : ca oui....

air : mais sans illusion...

michel : bah non, à quoi bon. mais il y a une part de rêve. il y en a quand même un minimum, il en faut. un peu ce que cela pourrait donner dans un monde un peu meilleur, tu es quand même obligé d’avoir ces fantasmes. le plus important c’est d’être réaliste et en même temps de ne pas sombrer dans le défaitisme... ça se dit défaitisme ? air / widdy : oui, oui.... michel : a quoi bon prendre la parole si on sombre la dedans, c’est un point de vue personnel. il y a aussi beaucoup d’artistes que j’apprécie quand j’ai fini de les écouter, t’as pas envie d’aller te battre. t’es même plutôt abattu. le message que je fais passer aujourd’hui était sur le premier album, peut être moins énergique, on avait peut être un peu moins envie d’en découdre à la fin de l’album.

air : humainement et musicalement, tout cela s’est soudé pendant la tournée mais pour ce qui est du message... enfin, comment dire... pour les idées est ce que tout le monde s’est retrouvé dans ce que michel à écrit.

widdy : dans le propos... bon, c’est la part de michel le texte. il essaie pleins de choses en étant très exigeant. nous on jette un œil, on dit ce que l’on pense, on discute... on est assez... assez.... michel : solidaires... widdy : solidaires du propos. michel : en même temps tu le vois vite. quand tu arrives avec des textes qui sont des faux départs. en essayant de mettre en place un morceau en essayant de poser la voix, tu te rends vite compte à travers la réaction des autres si tu peux continuer à travailler à partir de cette base là. il n’y a même pas besoin d’en parler. on joue la musique qu’on a bossé la veille, moi je pose la voix et très vite par leurs réactions, par l’enthousiasme que tout cela dégage j’arrive à voir si c’est bien ou pas, s’il faut mieux passer à autre chose tout de suite. widdy : il y a aussi de bons textes qui sont durs à placer, aussi. c’est un peu comme la musique : si cela vient naturellement et que cela semble bien... michel : il y a une sorte d’alchimie qui se fait ou qui ne se fait pas, mais tu le vois très vite. autant quand tu travailles seul de ton coté c’est plus dur. il y a toujours un moment où je travaille seul les textes dans mon coin et c’est quand je le présente aux autres, quand tout cela est censé prendre un minimum forme que tu réalise tout de suite. c’est un peu comme quand tu fais écouter une chanson à quelqu’un... quand tu l’écoutes chez toi, tu es dedans et puis tu vois la réaction de quelqu’un extérieur et là tu te dis... peut être qu’elle est pas si bien que ça. après le propos, j’espère que... en même temps on parle beaucoup ensemble. widdy : ca découle aussi de pleins de discussions, de choses personnelles. michel : des choses qu’on a vécues ensemble, un état d’esprit commun je pense. si on joue ensemble, que l’on continue....

air : tu n’as pas découvert un libéral ou un giscardien dans le groupe.

michel : ni même un chiraquien... mais il ne se ferait même pas chier à faire de la musique.

air : je me demandais s’il y avait des personnages publics à qui vous pouviez vous raccrocher pour ne pas être totalement submergé par le défaitisme.

widdy : le problème c’est qu’il y a personne... michel : c’est bien ça le problème. widdy : c’est une bonne question...

air : quelqu’un qui permettrait de ne pas voir la situation politique totalement en noir...

michel : ... bah non, justement non. widdy : on perd tous un peu confiance sur tous les bords.

air : même un mouvement, des manifs.

michel : je trouve la france beaucoup trop corporatiste. ca change un tout petit peu depuis quelques temps. mais je trouve les gens beaucoup trop corporatistes. il y a une manif d’intermittents, de l’autre coté les profs. chacun défend son bout de gras, je ne trouve pas cela très constructif. c’est une époque pour descendre dans la rue, mais tout le monde. sur hémisphère gauche... petit rebondissement... je parle un peu de ça. j’ai fait des manifs, des cortèges ces derniers mois. ma frustration c’est que c’est toujours corporatiste et festif, très souvent. a un moment donné, en ce moment, faut arrêter de faire la bégueule. j’ai envie de participer mais je ne me reconnais pas, la situation spécifiquement française, européenne et même mondiale veut qu’en ce moment si je descends dans la rue c’est pas pour jouer du jambé et chanter des chansons. c’est pas ça quoi ! je voudrai suivre un cortège anonyme avec des gens de tous bords, de toutes confessions, de toutes corporations et descendre les rues de la ville sans chanter des chansons. il faudrait vraiment un mai 68 bis pour que les choses aient un peu d’impact. c’est vrai que j’ai fait des manifs ou tous les cortèges se rejoignaient, car les gens se sont rendu compte que cela avait plus d’impact. c’est sûrement cela le plus important aujourd’hui. c’est vrai que l’on peut toujours dire qu’une manif c’est un simulacre de démocratie, car il faut demander l’autorisation à la préfecture. mais mon expérience personnelle à travers certaines manifestations c’est aussi que je me suis senti mieux, j’avais un peu moins l’impression de subir. c’est déjà pas mal. il y a tellement de gens qui subissent et qui ferment leur gueule que cela les rend vraiment très malheureux... alors même si cela n’a pas beaucoup d’effet de manifester, de hurler dans la rue, au moins ça fait du bien...

air : ca redonne un peu de force à chacun...

michel : voilà, un peu de... un second souffle. après c’est tellement complexe...avec ce que j’ai dans la tête on va pas bâtir une europe très réaliste ou bâtir un nouveau monde ! je préfère quand même penser comme cela, sinon je pense que je ne serai pas musicien. on ferait sûrement l’ena si on avait une pensée politique rationnelle, je me vante d’avoir des idées complètement utopiques et je préfère ça. un silence...

air : hémisphère gauche vous allez avoir 25 questions sur le cerveau...

michel : c’est pas trop lié à ça, c’est une image... ce texte là c’est un fantasme de révolution, cela se passe la dedans (il montre sa tête), c’est tout un tas d’image cérébrale, le fantasme d’une révolution idéale. ce dont je parlais tout à l’heure, tout est dit dans le texte. j’aime pas trop expliquer les textes.

air : c’est vrai qu’ils sont clairs, à part peut être le diable sur la porte...

michel : c’est plus obscur... plus écrit.

air : mais il est aussi à part musicalement.

widdy : tout à fait. michel : c’est un peu ce que tu vois à la télé depuis quelques années, les procès d’hommes politiques, de chefs d’entreprises. c’est une version... un peu... c’est un peu comme un film de genre, une histoire obscure que l’on comprend sans comprendre. il y a des images qui viennent d’images vraies, à la fin du morceau les mecs qui escortent la voiture du palais de justice jusqu’à la prison, c’est jean marie messier dans sa mercedes avec les mecs de canal + autour... il y a quelques images comme celle là. et sinon le diable sur ta porte, c’est pendant la coupe du monde foot, j’écoutais la radio et quand la france à perdu contre le sénégal j’ai entendu un supporter sénégalais qui a dit " si tu dessines le diable sur ta porte il finit par rentrer chez toi ", c’est un proverbe sénégalais. ca m’a vachement plu. j’adore les proverbes africains, et celui là je me suis dit qu’il y avait moyen de développer quelque chose avec. c’est vraiment une phrase qui m’a accroché. c’est vrai que c’est pas un texte forcément très clair, c’est un peu un grand procès, un jugement final ou tu retrouves les hommes politique, les journalistes... il y en a pour tout le monde...

air : ok... rien d’autres à dire sur l’album, la vie...

michel : humm en général quand j’ai pas de questions j’ai pas beaucoup de réponses....

air : comme moi j’abandonne l’idée de préparer les interviews avant de venir, là j’ai plus rien...

michel : plus rien à rajouter mon honneur... c’est accablant...

labels : je vous interrompts...

air & michel : non....

labels : vous avez vos pulls, car le prochain c’est dans la cour... cut !

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publié par le 20/04/04