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publié par Renaud de Foville le 30/07/01
eric neveux
- intimité
intimité

choix artistique

sur la bande originale du nouveau film de patrice chéreau, intimité, vous trouverez quasiment l’intégralité des morceaux que vous pouvez entendre pendant le film . au hasard de ses ‘petits’ groupes souvent prometteurs : tinderstick, nick cave, the clash, the stooges ou encore bowie et clinic... comme pour l’impressionnante b.o de ceux qui m’aiment prendront le train, le précédent film de chéreau, il n’y a rien à dire sur les choix du réalisateur. franchement chapeau bas et pas grand chose à rajouter non plus quand on sait qu’il ne s’agit pas là d’une vulgaire collection de classiques destinée à vendre du cd, mais vraiment d’un choix artistique au service d’un film. ce qui permet de se concentrer sur le travail de eric neveux - le mr neveux de microbe dont vous pouvez lire la chronique de son premier album, tuba, sur ce cargo. tuba était déjà très largement influencé par les musiques et les ambiances de films. intimité n’est pas la première excursion d’eric neveux dans le monde des bof. mais on sent dans son travail une maturité et une évolution impressionnantes. tout en étant entièrement au service du film - ce qui paraît évident, mais qui n’est pas toujours vrai - eric neveux y apporte une contribution importante, primordiale. des 25 minutes que l’on peut entendre sur cet album naît une véritable émotion. c’est rare de pouvoir écouter une b.o.f en dehors du film, mais c’est encore plus rare d’y prendre du plaisir sans avoir vu le film.

adhésion

il faut bien avouer que la plupart du temps on les écoute pour se replonger dans l’ambiance d’un film ou pour revivre une scène qui nous a touché. ici on peut tout se permettre, l’écouter avant et se faire ses propres films, comme sur tuba, chaque morceau peut nous permettre de créer un univers, d’inventer une histoire, une atmosphère et en même temps on sent une unité, une force et une empreinte - celle de chéreau, celle de l’histoire ?? - qui emmène la musique vers des sommets. "rayni night in pimlico part 2" est une musique bouleversante, superbe. on est partagé entre l’envie de voir et revoir les images qu’elle accompagne mais aussi le plaisir de la garder pour soi, de se faire son propre délire et de ne pas rendre cette musique à chéreau et à son film. c’est un travail difficile que de réussir une musique de film, comme le dit eric neveux dans son interview pour cargo : c’est avant tout une commande, cela reste un travail que vous remettez au réalisateur et qu’il faut façonner à la perfection pour le film. ce n’est pas du mr neveux, c’est la musique d’eric neveux au service des images d’un très grand réalisateur français. casse-gueule ! comme le fait de lier les morceaux entre eux avec des extraits de la bande son du film - truc utilisé par tarentino puis largement copié jusqu’à l’écœurement - mais qui, ici, trouve une nouvelle jeunesse. pas de phrases chocs pour essayer de forcer l’adhésion.

l’osmose

non juste quelques mots, une ambiance, une atmosphère pour nous permettre de vivre avec encore plus d’intensité sa musique. "elephant and castle" - dont la ressemblance avec la musique de grand canyon est troublante, bien que neveux ne connaisse pas ce film... - est un exemple parfait de cette osmose entre musique et ambiance, de cette sensation de perte de repères. tout en jouant avec des schémas et des ‘trucs’ classiques que se doit d’apporter toute bonne musique de film, eric neveux arrive à mélanger son univers à celui de chéreau, à enrichir celui du réalisateur. mais ce n’était pas suffisant pour un perfectionniste comme neveux, il fallait aussi pouvoir écouter avec plaisir sa musique sur une chaîne - tâche encore plus difficile quand on est à la suite d’une liste de classiques du rock... le mélange de la bande son et de la bande originale est une solution parfaite, les éléments sonores du film donne une nouvelle dimension à la musique de neveux et permette à un morceau comme "wandsorth road/kensal town" des respirations qui sont autant de clefs qui donnent l’occasion à l’auditeur de vivre ce morceau. neveux sait très bien qu’un morceau comme "soho/earl of derby" n’a pas besoin de ses artifices. nous ne sommes donc pas dans le ‘truc’, la manipulation - cf tarentino - mais bien dans la pure création, la recherche des sons et des ambiances mélée aux instruments et aux samples... impresionnant !

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publié par le 30/07/01
Informations

Sortie : 2001
Label : virgin