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publié par vinciane le 20/09/03
enslune
- leaning tales
leaning tales

endormissement

avec leaning tales, enslune signe un quatrième album mûri à point sous des soleils pourtant voilés, des atmosphères plombées et poussiéreuses. tour de force s’il en est de produire un disque si agréable malgré les aigreurs qu’il dépeint. à l’exception d’un "i glow for life" fort encourageant dans "building a solar system", la prédominance lexicale est accordée aux perceptions les plus engourdies, tout y est rampant, effrayant, inconfortable, sans répit. ces 10 contes semblent relater les atmosphères d’endormissement, ces moments où la conscience s’efface progressivement pour laisser libre court aux fantasmagories et aux craintes les plus refoulées sans toutefois disparaître, associant l’apaisement de l’abandon à la désinhibition de l’âme. tout y est sensation diffuse et palpable, confrontant images fortes ("war shreds") et concepts oniriques ("œil-fée", "fursakilen").

assoupissement

c’est là, dans cette ambiance rappelant bien des poèmes d’aloysius bertrand (gaspard de la nuit) que se rencontrent précisément les thèmes lexicaux et musicaux d’enslune. il semble même que la construction mélodique de ce nouvel album réponde à ces différents états de l’assoupissement. la tension corporelle au moment du coucher se ressent dans le vif plaquage des accords de "silver war shreds" en ouverture, comme autant de soubresauts destinés à évacuer le stress de la journée écoulée. "fursakilen" apporte une détente progressive, notamment grâce aux percussions lénifiantes et à l’apaisement vocal. "œil-fée" et "in heaven on a stone" achèveraient un passage en douceur dans le monde des rêves, où morphée invite de sa douce voix en fin de morceau le protagoniste à l’endormissement total, si ne surgissait pas "dust stains" comme cette brutale tension de tous les membres que l’on ressent lors du passage au sommeil profond, cette tension qui réveille et contrarie... c’est ce que "dust stains" trahit, violent, électrique, hallucinant.

soleil de minuit

point d’orgue de l’album, ce morceau expiatoire implore la rémission, "requiem for a dream" demande-t-on ensuite... avec "building a solar system", la voix se fait plus caressante, le voyage onirique peut commencer... oserons-nous alors décrire ce que nous évoquent comme phase de sommeil les rythmes bluesy de "sand" ?... ainsi se termine leaning tales, avec "mediocre lands" et "blues to the dophin", où les rythmiques répondent aux divagations de l’âme voguant d’océans en paysages arides. rondement mené que cet album aux allures de ronde de nuit, où l’on aurait attendu un moon IV qui s’est transformé en occurrences de soleil de minuit. et l’on retiendra surtout les scintillantes étoiles de ce disque ("silver war shreds", "œil-fée", "dust stains"), en espérant qu’elles brilleront sur bien des platines bientôt.

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publié par le 20/09/03