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publié par Mélanie Fazi le 03/02/08
eleni mandell - La Maroquinerie, Paris - 31/01/2008
La Maroquinerie, Paris

conclusion

Nous nous devions de conclure notre dossier Eleni Mandell par quelques mots sur les concerts que nous présentions récemment. Nous avions en effet programmé la mise en ligne de la session et de l’interview afin d’annoncer son deuxième concert parisien du mois, sans savoir qu’il serait complet le moment venu. Avant le 19 janvier dernier, date à laquelle elle ouvrait pour Iron and Wine au Divan du Monde, nous ne l’avions jamais vue en solo (à l’exception de quelques rappels mémorables, notamment une version sublime de “Home” au Botanique de Bruxelles l’an dernier). Notre curiosité égalait donc notre impatience. Pas même tempérées par la frustration de ne la voir assurer que des premières parties.

fragile

Si nous avons apprécié les deux concerts, chacun dans un style différent, c’est celui de la Maroquinerie dont nous garderons le souvenir le plus fort. Au Divan du Monde, peut-être parce que le public manifestait son impatience de voir commencer le set d’Iron and Wine, son assurance cédait la place à une vulnérabilité moins coutumière. D’où un moment fragile et touchant, assez différent des souvenirs que nous gardions des concerts précédents. Elle y présenta notamment quelques nouveaux titres, dont ce splendide “Personal” qu’elle interprétait lors de la session Cargo. Mais on avouera qu’entendre les conversations du bar gâcher une aussi belle chanson que “Nickel-Plated Man” nous avait donné quelques envies de meurtre. Une grande partie du public se montra heureusement beaucoup plus réceptive.

le temps s’arrête

Ce concert à la Maroquinerie offre un contraste intéressant avec le précédent. Changement de décor, de répertoire, d’ambiance aussi. Cheveux attachés, robe sans manches à rayures, guitare retenue par une sangle à fleurs, Eleni Mandell s’avance discrètement sur scène et commence par un nouveau titre (excellent, d’ailleurs). Il se passe alors quelque chose d’étonnant, que nous avions déjà vécu lors de ses concerts précédents. Dès l’instant où elle se met à chanter, sans effets particuliers, quelque chose de fort et d’intense se produit. Qui tient peut-être à sa façon de placer sa voix, laquelle devient aussitôt impossible à ignorer : dès qu’elle s’élève, le temps s’arrête. Il y a une étrange magie dans cette voix-là. Elle impressionne déjà sur disque, épousant à la perfection les registres les plus variés, mais c’est sur scène qu’elle séduit le plus. Dès ce premier titre, aucun doute possible : on se trouve bien face à la même Eleni Mandell qui nous avait tellement soufflés lors du festival « Les femmes s’en mêlent » en 2003. Elle n’a qu’une demi-heure pour convaincre un public essentiellement venu pour Hey Hey My My et qui, dans son ensemble, ne la connaît pas. Mais qu’un enthousiasme croissant habite au fil des morceaux.

connivence

On garde de ce set une impression de dynamisme, alors même qu’elle délaisse les titres les plus énergiques de son répertoire (dont les incontournables “Pauline” et “Snake Song”). Elle ne jouera pas davantage ses morceaux les plus poignants, choisissant d’explorer les zones intermédiaires. Notamment les chansons en demi-teinte de l’album Miracle of Five, qui prennent un joli relief sur scène (“Girls” au refrain enchanteur, “My Twin”, “Salt Truck”). Difficile d’expliquer ce qui se produit réellement, sinon qu’elle a une manière splendide d’habiter sa musique. C’est sans doute sa voix qui fait le reste. Découvrant de nouveaux morceaux, on s’étonne d’éprouver une impression immédiate de familiarité. On retrouve avec plaisir des chansons plus anciennes comme le très beau “Dreamboat” ou un titre de son premier album, “Meant To Be In Love”, dans une version particulièrement prenante. Elle s’exprime entre les morceaux dans un français plus que correct qui achève de créer une connivence avec le public. Lequel salue la fin du set par des applaudissements chaleureux et prolongés tandis qu’elle rassemble ses affaires - puis relève la tête pour remercier les gens, l’air surpris et touché à la fois.

bec et ongles

Si le concert avait été plus long, peut-être aurait-on assisté à un spectacle égalant en intensité sa performance inoubliable d’avril 2007 au Botanique. En l’état, ce fut déjà superbe. Un de ces moments qui vous rappellent pourquoi vous défendez bec et ongles la musique d’un artiste encore trop peu connu. Et qui vous donnent raison de persévérer. Ce soir-là, à la Maroquinerie, il s’est passé quelque chose de précieux. Sans doute des graines ont-elle été semées : parmi les spectateurs repartis avec ses albums, certains seront assez impressionnés pour répandre à leur tour la bonne parole. Et envoyer plus tard d’autres personnes la voir sur scène. On se rappelle que pour nous, c’était aussi par un concert, en 2003, que tout avait commencé.

à suivre

Au Cargo, on attend la suite avec impatience : ce septième album dont elle nous parlait avec enthousiasme en interview et dont les premiers titres entendus en live sont plus qu’alléchants. Croisons les doigts pour que celui-là sorte en France. Un jour sans doute, le public français comprendra à côté de quoi il passe depuis quelques années. Face à l’évidence de cette voix et de ces chansons, pourrait-il en être autrement ?

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publié par le 03/02/08
Derniers commentaires
jaromil - le 03/02/08 à 11:00
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j’étais au Divan du Monde.
j’ai préféré la prestation de mandell à celle d’iron & wine. suis-je le seul à m’être royalement ennuyé pendant le set d’I&W ? c’était rrop pro, trop lisse, trop auto-indulgent musicalement.

Mélanie Fazi - le 03/02/08 à 14:41

J’ai ressenti la même chose pendant le set d’Iron & Wine : j’ai trouvé ça joli, mais pas renversant, du coup l’enthousiasme du public me laissait un peu perplexe. Cela dit, dans la mesure où je venais surtout pour Eleni Mandell, ça a peut-être joué aussi.