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publié par Wally le 28/11/04
Datsuns - on s'éclate sur scène et on est payés pour

Avec une scène minuscule haute de 10 cm, du plancher partout et des tables de billard au fond, intime, chaleureux, le Magic Stick est une des meilleures salles de concerts de Détroit. Au sortir des balances décontractées d’un après-midi pluvieux, dans un canapé sans fond, Phil Datsun nous répond.

Vous êtes ici pour une semaine, jouant seuls, puis avec Velvet Revolver, puis les Pixies. Vous êtes excités à l’idée de partager la scène avec la bande à Frank Black ?

C’est un putain de bon groupe. Depuis le temps, on s’était habitués à tourner seul, mais ils nous l’ont demandé et ça nous tentait bien. Ça fait 2 semaines que ça dure, un coup seuls, un coup avec Velvet Revolver, puis les Pixies. Ce sont des publics et des salles de tailles différentes, c’est assez varié. On va faire 5 dates dans le coin cette semaine. Détroit n’est pas le genre de ville où j’irais en vacances, mais on a rencontré beaucoup de gens d’ici, avec qui on est bons potes maintenant. Ce sont de très bons groupes et on a toujours aimé venir ici pour jouer. Ce soir, c’est la 4e fois depuis 2002. Les concerts qu’on a fait ici on toujours été bons, le public était très impliqué.

The Sights ouvrent pour vous ce soir, ils font parti de vos amis locaux ?

Je suis un gros fan, on avait déjà joué avec eux quelque fois. Avec The Greenhorns, c’est un des meilleurs groupes de la ville à mon sens. J’ai leur dernier album dans le tour-bus et il est excellent.

Comment se passe cette tournée ?

En enchaînant les concerts on a pas vraiment le temps de rencontrer des gens, ce qui est frustrant parfois. On tourne souvent pendant longtemps, notre record c’est 21 mois sans revenir à la maison. Heureusement, on s’apprécie beaucoup, on est presque frères. On vit ensemble sur la route. Bientôt, on va faire une pause et bosser les nouveaux morceaux, on écrit beaucoup en tournée, surtout depuis la sortie du premier album. On bosse les morceaux pendant les balances.

Pendant ces pauses, pour bosser les morceaux, vous retournez au pays ?

Cette année, on était à Londres. Tourner en Europe et aux Etats-Unis était beaucoup plus facile en partant de l’Angleterre. La Nouvelle-Zélande est loin de tout, quelque soit l’endroit où l’on souhaite aller jouer. Comme on voulait également connaître de nouveaux pays où vivre, on a installé notre espace de répet’ là. Ça nous arrangeait donc à plusieurs niveaux.

Ces répétitions ont été fructueuses ? Vous travaillez sur de nouvelles idées ?

On cherche de nouveaux trucs, sans même penser à un nouveau disque encore. C’est le genre de choses qu’on a besoin de faire. Tous les jours aux balances, de nouveaux trucs sortent. Il nous reste 5 semaines de tournée ici, ensuite on retournera peut-être en France début 2005, puis on fera une pause pour se remettre à plat. Entre le moment où tu pars en tournée et celui où tu reviens, tu es quelqu’un de totalement différent, ne serait-ce que musicalement. Depuis le premier album, on a beaucoup évolué. J’aime toujours ses titres, mais je pense qu’avec le temps et nos progrès, on a appris à mieux les interpréter. Maintenant, elles sonnent mieux. Le deuxième album a été entièrement écrit sur la route, puis on l’a enregistré d’un coup, après une pause consécutive à la tournée. On avait tellement longtemps joué ensemble que la sauce avait pris tout de suite, le disque avait été enregistré vraiment vite. Cette fois-ci, on fera les choses différemment. On va sûrement prendre plus de temps pour nous, pour penser aux morceaux à tête reposée. Pour l’instant, on ne pense pas au nouvel album. On veut être dans un état d’esprit différent lorsque l’on enregistrera.

Comment se passe la naissance d’un titre chez les Datsuns ?

La plupart du temps, Chris vient avec un riff, puis Dolf y ajoute des paroles. On travaille ensuite tous ensemble la structure. Souvent, on jamme au milieu du morceau jusqu’à ce qu’une idée correcte ressorte. Sur Outta Sight / Outta Mind, la majorité des titres parlent de nos expériences sur la route, de ce qu’on y a vécu, des gens rencontrés. Rien n’inspire mieux que la route, avec tout ce que tu y vis.

Vous prenez le temps de visiter ?

Des fois, oui. Ici par exemple, on a quelques potes qui veulent nous montrer les magasins de disques et de musique locaux. Quand on fait plusieurs fois la même ville, on change souvent de salle, ça nous permet de voir plusieurs quartiers, mais on a rarement le temps d’aller au-delà de quelques blocs autour de la salle. Ça n’a rien à voir avec du tourisme. Comme les salles sont rarement dans les quartiers touristiques, on rencontre de vrais gens, on voit les villes sous leur vrai jour.

Comment ressentez-vous le public local par rapport au public européen ?

En Angleterre le public est très influencé par les médias, alors qu’ici, musicalement, il l’est moins. Pour un petit groupe comme nous, tourner est le meilleur moyen de nous promouvoir. Les télés et les radios passent vraiment des trucs à chier des fois. Quand on vient ici et qu’on mate la télé, on est complètement horrifiés. Il n’y a que de la soupe pop-punk pré-formatée avec de faux styles metal. C’est qu’une histoire de fric, au final. Si tu en as, tu te fais de la pub, si tu n’en as pas, tu tournes pour en trouver.

Et tourner, c’est la meilleure partie du boulot, non ?

C’est là qu’on s’éclate le plus, oui. On est encore jeune, on a envie de voir le monde, on s’éclate sur scène et on est payés pour. Le bonheur !

Merci au Nicou.

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publié par le 28/11/04