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publié par tairanteuh le 15/07/03
daniel johnston
- fear yourself
fear yourself

barré

l’année 2003 avait commencé par la découverte de daniel johnston. des années qu’on entendait le nom du bonhomme à diverses occasion, notamment grâce à sparklehorse puisque mark linkous parle de daniel johnston comme son mentor. l’annonce d’un album de johnston produit par linkous fut suffisante à m’extirper de la paresse qui me retenait de me plonger dans l’imposante discographie du vieil américain. on le disait barré, alcoolique, imprévisible, autiste mais génial. toutes ces facettes auront été explorées en moins de 6 mois. de ses classiques fun de 1992, hi, how are you de 1983 à ce fear yourself, en passant par une « prestation » au festival mo#fo de la salle de concert mains d’oeuvres. cela commence par une écoute réjouissante de fear yourself : si dany chante faux la plupart du temps, difficile de résister à sa sensibilité, ses chansons élégamment habillées par un mark linkous en grande forme qui tire johnston de son habituel et difficile lofi. certes, cela fait un peu johnston chante sur du sparklehorse. mais c’est jouissif. je suis alors pas loin de penser que fear yourself est l’un des albums de 2003. et puis je me penche sur le cas johnston, ses précédents ouvrages, sa vie, son oeuvre, ses incroyables dessins.

ivrogne

jusqu’à ce mois de juin où je suis impatient de découvrir l’homme sur scène. le gras dany s’installe péniblement pour les balances du concert dans la salle de mains d’oeuvres tandis que jeffrey lewis dessine dans les sous sols et qu’andré herman düne est cloitré dans son studio à enregistrer tous ses amis. dany ne souffle mot tandis qu’il se positionne face au piano, ouvrant gauchement son petit songbook. un vieil homme tout tremblant et hésitant, paumé dans son songbook, chante plus faux que jamais, seul sur scène, plaquant quelques accords de piano simplets. un peu déroutant de le voir si mal en point. le soir, le concert sera tout aussi décevant. dany ne brille pas, a la gestuelle d’un vieil ivrogne, fout en l’air sa bouteille, se met de l’eau partout alors qu’il tente de boire. le charme se brise. encore plus au merchandising, alors que les autres artistes antifolkeux vendent leurs objets à des prix raisonnables et abordables, les dessins de dany sont vendus à prix d’or. une belle légende exploitée.

excentrique

le concert est très court pour une tête d’affiche. le contrat stipulait que dany jouerait 40 minutes maximum. et d’apprendre qu’il était très rare qu’il reste plus d’une demie heure sur scène. soit une petite demie heure de morceaux entrecoupés de bredouillements, propos inintelligibles. après cet épisode, la réécoute de fear yourself est pénible, le souvenir en tête du bonhomme paumé à saint ouen. je m’imaginais un artiste excentrique, une sorte de légende à l’aura immense. de ce statut ne restent que des morceaux réussis sur disque (ces pépites comme "mountain top" ou "fish" sublimées par mark linkous), le timbre hésitant de johnston, le thème de l’amour impossible et perdu égrainé sur les 12 plages du disque. dany reste un grand songwriter, capable d’écrire des morceaux poignants qui font oublier tous les défauts de son performer tel ce chant affreux. le travail du sparklehorse rend l’ouvrage accessible et au final fear yourself est un très bel ouvrage, rude mais bien habillé, brut mais à l’allure aguicheuse, johnston ne faisant aucun effort pour plaire, laissant cet aspect musical à linkous. une rencontre au sommet, une heureuse collaboration.

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publié par le 15/07/03
Informations

Sortie : 2003
Label : gammon