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publié par Nausica Zaballos le 09/09/08
Dandy Warhols
- Earth to the Dandy Warhols
Earth to the Dandy Warhols

miaulements

En 2008, les Dandy Warhols nous livraient un nouvel opus de leur oeuvre psyché dansante : le bien nommé Earth to the Dandys Warhols. Ce sixième album s’ouvre par le dansant “The world the people together” : rythmes répétitifs simplistes, miaulements et feulements de Courtney toujours aussi efficace sur la vieille fan, peu d’effets à part la boucle de fin. Rien de très novateur ou révolutionnaire mais malgré tout assez accrocheur. On pourrait donc s’attendre à un album de bonne facture mais dès le deuxième titre, on assiste plutôt à un naufrage musical sous couvert d’expérimentations sonores. Si les Dandys nous ont habitué aux grands écarts entre l’artificialité (l’album Welcome to the Monkey House) et la maestria (le célèbre Thirteen Tales from Urban Bohemia), leur univers, qui à première vue peut ressembler à un bric à broc de multiples influences était consistant. Le son des Dandys était reconnaissable : à l’écoute d’un de leurs albums, on savait que c’était la bande à Courtney Taylor. Avec Earth to the Dandy Warhols, les champignons et autres sucreries ont perdu leur pouvoir d’inspiration...

nanar

Si les Dandys planent, leur trip est si mauvais qu’il faudrait être maso pour s’y laisser entraîner. Dans “Welcome to the Third World”, Courtney Taylor nous livre du sous Bowie fatigué sur une instrumentation tout juste bonne à accompagner une production porno cheap. Les lyrics (niaises et pompeuses) explicitent ce que la bande son avait rendu évident : un pervers goûte le miel (« honey ») d’une « almost white girl » attirée chez lui par ses biftons. Intérêt d’un tel sujet ? dénoncer les inégalités sociales et raciales en décrivant une prostitution des plus ordinaires, pas forcément caractéristique des pays du tiers monde (voir la vague de marcheuses chinoises à Paris) ?

Après le porno cheap, place au nanar ! On ne pourra reprocher à aucun groupe de créer une instrumentation en adéquation avec la thématique des titres...Le concept de space opera avec Courtney aux commandes afin de dénoncer les problèmes de ce monde s’accorde bien avec l’ego de notre dandy... mais “Mission Control” évoque pour moi la bande son de nanars tels que Voyage of the Rock Aliens connu pour les interprétations sublimissimes de Jermaine Jackson et Pia Zadora... D’où proviennent les sons produits par Courtney ? Pourquoi cette voix évoquant plus le gros rhume que le timbre sexy du crooner rock ? Courtney est souvent inaudible, couvert par des profusions de nappes synthétiques.

valium

Est-ce la rencontre avec Mark Knopfler, invité sur “Love Song” qui a perturbé Courtney ? Pas grand chose à tirer de cette “Love Song”, quelques accords m’ont vaguement rappelé The Corrs mais je devais être fatiguée. Je me suis sincèrement ennuyée sur “Wasp in the lotus” et “Valérie Yum” m’a agacée. Cela commence plutôt bien même si la répétition du valium ou plutôt de yum me fait penser aux déglutitions d’un héros de cartoon affamé. Puis, changement de tempo, parenthèse parlée durant laquelle on se demande si le morceau est terminé et soudain, une voix d’outre-tombe, modifiée, au ralenti, surgit, suivie rapidement d’une accélération avec montée dans les aigus sous fond de répétitions de Valérie Yum. Trois ou quatre d’entre eux auraient suffi.

canardage

C’est lorsque Courtney revient aux origines (de l’imagerie US, de la ville déliquescente) qu’enfin l’album décolle et nous fait prendre de la hauteur. Ainsi, “The legend of the last of the outlaw truckers aka the ballad of sheriff shorty” est une course-poursuite à travers 8 états. Sur les routes du Texas et du Nouveau-Mexique, les paysages défilent, jacked up on meth-amphetamines jusqu’au canardage final à la Ennio Morricone. L’influence mexicaine du sud-ouest est palpable sur les cuivres de “Mis Amigos”, titre évoquant également l’imagerie surf des Beach Boys avec en supplément des bruits de scie électrique et de moto en fin de morceau. “Musée du Nougat”, long soliloque sur les caractéristiques et vertus du nougat est finalement très agréable... il fallait oser !

cynisme

Et c’est bien là le problème, les Dandys ont peut-être trop tendance à oser faire ce qui leur passe par la tête, sans vraiment penser à leur public ou au résultat final. Si le succès du groupe tient beaucoup à la personnalité de Courtney Taylor, on peut se demander si l’autosuffisance et le cynisme justifient toutes les faiblesses musicales de l’album et peuvent finalement pallier une inspiration en berne... Mais, pour la vieille fan que je reste, c’est peut-être aussi cette manière de composer et de jouer de la musique en ayant l’air de se moquer royalement du monde qui m’a séduite au début et m’incite à continuer à les écouter.

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publié par le 09/09/08
Informations

Sortie : 2008
Label : Cooperative Music