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publié par tairanteuh le 28/11/05
castanets
- first light's freeze
first light's freeze

À point.

First light’s freeze arrive au bon moment. En ce mois de novembre, l’été indien est définitivement parti sous de bien chanceuses latitudes méridionales. Et nous voici dans le froid, le grand froid même qu’ils disent. Si vous cherchiez le grand rayon de soleil pour illuminer votre chaumière désespérément glaciale, il ne faudra certainement pas compter avec ce troisième album de castanets. Bien qu’il soit lumineux en plusieurs endroits, ce first light’s freeze est avant tout froid. Instrumentations synthétiques, électronique torturée, voix râpeuse de raymond raposa. Blanc comme le soleil qui orne la pochette, castanets s’est défait un peu plus de ses sonorités folk pour ne garder que l’ossature de morceaux, à l’image d’un arbre dénudé. Les feuilles semblent restées à la surface du disque. C’est de saison soit. Mais c’est aussi dans l’air du temps que d’incorporer des éléments électroniques à une formule traditionnelle. Et c’est surtout un phénomène qui se répand localement, à san diego dont est originaire le projet castanets.

coloration

Comme d’autres formations de cette ville - je pense à pinback ou black heart procession par exemple - raposa semble prendre un malin plaisir à défaire totalement ses morceaux, à leur faire subir les pires sévices du home studio. Il en ressort une coloration du son qui est immaculée et dont les tons aigus sifflent comme la bise. Ce qui surprend aux premières écoutes s’avère cependant avec du recul une belle réussite. Les expérimentations de ce first light’s freeze ne sont pas aussi expérimentales qu’elles ne s’en donnent l’air. elles montrent plutôt une belle ouverture d’esprit et surtout une formidable capacité d’adaptation. Les schémas électroniques bruitistes du label warp, rivalisent avec des passages kraut-rock ou des envolées free-jazz, un choc des genres assez inédit qui étoffe les morceaux de castanets et les rend accrocheurs.

nobles

L’ensemble fonctionne à merveille, et contrairement à beaucoup d’albums qui tentent de tisser des ponts et s’enlisent souvent par manque de cohésion, first light’s freeze radie de bout en bout. Cela tient sûrement de la concision du disque qui dure seulement une trentaine de minutes. Guère de remplissage ou d’errances, cet album se déroule avec un remarquable sens de la narration. Après avoir examiné le détail de ces morceaux, il reste à préciser que les compositions de raposa restent avant tout de nobles ballades dont l’habillage surprenant n’ôte aucun charme, bien au contraire. Voilà un disque à la beauté fragile, à l’équilibre incertain, un ouvrage touchant et subtil, autant audacieux que prenant. De l’emphase certes, mais il en mérite bien.

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publié par le 28/11/05
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Sortie : asthmatic kitty / differ-ant

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