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publié par tairanteuh le 07/06/05
caribou
- the milk of human kindness
the milk of human kindness

euphorie

dan snaith, le canadien qui se cache derrière caribou (ex-manitoba), ne manque pas de talent... à défaut de chance. En 2001, il propose un premier album d’intelligent dance music (IDM), start breaking my heart. Un modeste premier essai pas forcément très original dans la vague électronique de l’époque mais minutieusement monté et disposant d’une euphorie contagieuse qui fait parfois défaut chez les « concurrents ». C’est en 2003 que le bonhomme transforme habilement l’essai avec up in flames, une merveille qui voit snaith enrichir son horizon électronique d’éléments psychédéliques, blues, rock avec une structure beaucoup plus percutante, carrée. Et si l’album requiert un peu de temps pour séduire, deux concerts lors d’une même route du rock retournent littéralement : loin d’être une vulgaire petite prestation de bidouiller classique planqué derrière son portable (à la four tet...), un vrai groupe de scène avec deux batteries, une guitare, un clavier, un mélodica offre une délicieuse performance autant visuelle (masques d’ours et poses amusantes) que sonore.

thésard

Et puis, fin 2003, la faute à pas de chance, un fâcheux évènement vient agiter quelque peu la tranquille progression de l’artiste. Handsome Dick Manitoba, membre du combo new-yorkais proto-punk dictators, intente un procès à dan snaith pour utilisation frauduleuse de son pseudonyme. Et, au verdict, dan snaith est contraint de se rebaptiser... alors que le manitoba en question n’a jamais rien produit sous son nom d’artiste. voilà donc le premier album de snaith sous le nom de caribou, sorte de nouveau départ. La musique s’appuie toutefois sur les mêmes fondements que son up in the flames. L’album est cependant remarquable car dan snaith y affine la formule, donne à sa musique un aspect encore plus chaleureux et envoûtant. Sa musique est plus que jamais une savoureuse incursion dans un univers féerique construit avec rigueur par le mathématicien thésard qu’il est. Les morceaux balaient un panorama de paysages riches. Chaque tableau est retranscrit avec le soin particulier de l’artiste soucieux du moindre détail.

vibrations

Dans la démarche, milk of human kidness rappelle donc un four tet à la poésie plus légère et centrée sur le côté humain de la musique, ou un animal collective en moins destructuré et abstrait. La découverte de la scène, du rapport au public, de la précision requise dans ce nouvel environnement expliquent certainement pourquoi l’album est plus varié, plus nuancé et moins brouillon. Snaith s’essaie même au chant sur quelques titres, point d’orgue d’une musique de moins en moins numérique et qui fait de plus en plus la part belle aux vibrations de l’acoustique. Illustration accrocheuse : ce premier titre, “yeti”, qui évoque le brian eno à la croisée de la pop et de l’expérimentation du taking tiger mountain (by strategy). Le reste de l’album se construit sur le même schéma : des phrasés entraînants sur lesquels se brodent de doux tissus sonores qui apportent profondeur et complexité à l’ensemble. Bel ouvrage étoffé, The milk of human kindness se pose comme la plus irrésistible des invitations. Celle qui promet aux sens l’emprunt d’élégants sentiers de rêverie. Ce qui, à l’époque des primaires art brut, bloc party et autres franz ferdinand sans grâce aucune, est salvateur.

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publié par le 07/06/05