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publié par vinciane le 29/11/07
brisa roché - on n'a pas reçu le disque

jeudi 25 octobre, nous avons calé une petite interview et une mini-séance photo avec brisa roché dans un grand hôtel du 3e arrondissement à l’occasion de la sortie de son deuxième album, takes. deux jours avant, panique, le disque n’est toujours pas arrivé par courrier. qu’à cela ne tienne, nous maintenons le rendez-vous, pariant que la plus parisienne des américaines acceptera cette interview atypique.

après quelques minutes un peu tendues, la langue se délie et le moment est, évidemment, délicieux.

pour voir la vidéo de l’interview, cliquez ici.

à la non-écoute du disque, mais juste avec les quelques morceaux disponibles sur ton myspace, on a l’impression que ton nouvel album est un peu moins fun. est-ce que tu confirmes cette impression ?

brisa roché : non, je ne dirais pas que c’est moins fun. c’est très différent. c’est un album qui évolue du début à la fin, c’est un véritable album et non une collection de morceaux. ça commence par des titres un peu plus accessibles et petit à petit ça amène vers des titres évoquant plus la nuit psychédélique. c’est un album fun, il y a des flûtes, du tambourin, de l’harmonica, je tape sur mes cuisses. pour moi, il y a beaucoup d’éléments fun. c’est moins fun "cabaret", c’est plus fun "l’enfant dans la nature".

le premier album, the chase, avait tendance à partir un peu dans toutes les directions. est-ce que cette fois la cohérence est une chose à laquelle tu as réfléchi quand tu as composé le nouvel album ou est-ce que c’est venu naturellement ?

déjà si j’avais été plus présente dans la création du premier, ça aurait été moins éparpillé et c’est surtout à ça que j’ai réfléchi. je voulais être plus présente et m’imposer dans tout ce disque là et ça s’est fait comme ça. ce disque c’est vraiment mon enfant. évidemment il y a eu plein de participations et c’était bienvenu. mais j’ai fait les maquettes toute seule, j’ai fait la réalisation du disque, la production artistique, la composition... et j’ai joué et je suis allée le mixer à new york avec un super mixeur. j’ai fait tout le montage moi-même à la main sur protool. c’est vraiment mon bébé.

comment vois-tu le passage sur scène de ce nouvel album ?

ça sera différent pour les raisons que je contrôle et pour celles que je ne contrôle pas. déjà la musique, les disques sont très différents et donc les lives seront très différents du disque. ce disque fait appel à un live beaucoup plus psychédélique, plus "san fransisco en 1969". pourtant ça n’est pas un disque nostalgique ou clin d’oeil ou rétro. sur scène je veux plus de liberté pour arriver à quelque chose de plus chaleureux, plus hypnotique et très physique. ça ne veut pas dire que moi je veux être plus physique. ça veut dire que je veux déjà installer une ambiance sur scène. j’ai un nouveau groupe composé de musiciens lillois qui sont super. ça sera très différent de la dernière tournée. actuellement je suis en train de les former et j’insiste beaucoup sur un effet physique que je veux projeter. je veux que ça soit sur scène une expérience très très physique, de vibrations, de mood et de sons très extrêmes, qui évoquent la détente extrême comme la drogue psychédélique tout en étant chaleureux.

le fait que je joue du tambourin sera aussi très différent. cela me gardera près du micro, comme lorsque je joue de la flûte ou de l’harmonica. mais je pourrai aussi prendre le micro et bouger avec. j’aurai peut être également un retour dans l’oreille qui me permettra d’entendre mieux, sans être scotchée au micro. et je me sens déjà plus à l’aise dans ce projet parce que c’est plus un reflet de moi. à travers tout ce qui s’est passé pour ce disque, je l’ai déjà habité. je serai plus libre sur scène, surtout vocalement. il y aura des grandes plages où je pourrai improviser très dans les aigus, avec des sons purs un peu éthérés. il n’y avait pas tellement de place pour cela dans l’ancien répertoire. il y a beaucoup de choses qui vont changer pour la scène avec ce disque.

tu dis que ce disque est ton reflet. le livret qui accompagne le cd présente une collection d’aquarelles autoportraits. comment ces aquarelles s’inscrivent-elle dans ce projet ?

je n’oserais pas dire que je suis peintre. j’ai fait ces tableaux entre les deux labels, puisque j’ai changé de label entre les deux disques. il y a eu une période de flottement pendant laquelle je ne savais pas quel serait l’avenir de ce disque. je me suis regardée dans un miroir et j’ai fait les autoportraits de ce moment-là. aussi parce que quand tu fais un disque, cela implique beaucoup de gens, beaucoup de temps et beaucoup d’argent... beaucoup de contraintes et de pression... et tu n’es pas maître des deadlines. lorsqu’à la fin tu as l’objet qui représente tout ce travail, tu te rends compte que la peinture c’est le contraire de tout ça. ça m’a énormément soulagée et complétée. avec la peinture, tu as la couleur, la texture, tout ce qui est sensuel. tout de suite tu es dedans, tout de suite tu as la satisfaction. tu peux décider toi-même à quel moment une peinture est terminée et si tu n’aimes pas, tu peux repeindre dessus et cela ne coûte quasiment rien. tout ne dépend que de toi, de personne d’autre. il n’y a aucune attente ensuite.

et comme je n’aime pas gaspiller les choses, j’avais fait ce projet et je me suis dit que je pouvais m’en servir. il existait, il me représente... comme j’ai changé de label, je pouvais refaire le graphisme pour le disque. ces tableaux parlaient de mon expérience, de ce qui s’est passé. pour moi c’est lié à la musique et à l’expérience d’avoir fait un disque, ce disque. mettre ces aquarelles dans le livret, ça n’est pas une déclaration. j’avais déjà fait auparavant l’aquarelle autour de la photo principale et c’est d’ailleurs ça qui m’a menée aux autres aquarelles.

peux-tu nous raconter la naissance de la pochette justement ?

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tout vient de moi sur cette séance. il y avait juste la photographe, son assistant et moi. j’ai organisé leur arrivée en train, leur hébergement... j’ai loué la maison où on a fait les photos... exactement comme pour le disque, tout venait de moi. on a fini par choisir cette photo pour la pochette mais elle était un peu sombre. c’est de là qu’est venue l’idée du jaune. mais je voulais que ce soit à l’aquarelle. on me disait « mais non, on peut faire ça à l’ordinateur, simuler l’aquarelle, tout le monde fait ça... de toute façon aucun graphiste n’a des aquarelles chez lui »... du coup je suis allée le soir au bhv pour acheter les aquarelles juste avant la fermeture. j’ai ensuite fait plein d’essais sur du papier. je tenais vraiment à ce que ça soit fait à la main. et juste le fait de jouer avec le jaune pour la pochette m’a donné l’idée un peu plus tard de faire les autoportraits. dans les autoportraits il n’y a pas que des aquarelles, il y a aussi de l’acrylique, du fusain... mais les mettre dans le livret faisait le lien avec la photo de la pochette.

après avoir vu ces autoportraits et la pochette assez percutante, tout en connaissant ton jeu sur scène, j’ai eu l’idée de te proposer une petite séance photo très rapidement. l’idée est simple, juste avec un châle jaune sur un fond blanc, j’aimerais qu’on devine brisa roché par l’inverse de ce que tu montres sur la pochette, c’est-à-dire en dissimulant ton visage entièrement ou en partie.

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publié par le 29/11/07
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www.hi-tekznologik.com - le 14/12/07 à 01:30
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Sympa l’interview. (surtout la naissance de la pochette)
Les photos aussi :)