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publié par Kid P le 03/08/11
Bon Iver
- Bon Iver
Bon Iver

Tous les râteaux du monde

Je ne vous raconterai pas encore une fois l’histoire pourtant légendaire de la cabane au fin fond des bois du Wisconsin, qui avait aboutie sur la composition du premier album de Bon Iver, « For Emma, Forever Ago » accessoirement l’une des plus belles livraisons d’indie folk depuis un sacré moment, tombée quasiment de nulle part en 2007. Je ne vous dirai pas non plus à quel point je souhaite bien égoïstement à ce monsieur de continuer à se prendre tous les râteaux du monde si cela lui permet d’aller frôler encore et toujours les sommets du songwriting spleenant. C’est donc avec une belle appréhension et non sans une certaine hâte que l’on a pu accueillir il y a un moment déjà, le dernier album studio de Justin Vernon, sobrement intitulé « Bon Iver ».

Electrique

Là où le premier opus tapait droit dans le cœur de façon assez directe avec ses textes et son ambiance bien à lui, il y a dans cette récente livraison un petit quelque chose d’insaisissable et de complètement fou. On avait prit l’habitude d’entendre Justin se poser avec seuls sa voix, une guitare et parfois quelques notes de pianos pour soutenir l’ensemble. Adieu (ou presque) les steel guitares et autres murs de son acoustiques, le Bon Iver 2011 est maintenant électrique tant dans sa couleur sonore que dans son esprit.

Et quelle surprise d’entendre une batterie sur du Bon Iver dès l’ouverture de l’album, une simple batterie qui va venir tout changer et chambouler les quelques repères auxquels on avait pu être habitués avec le bonhomme. Mention également à la remarquable section de cuivres qui accompagne l’ensemble de ce nouvel opus.

Amnésie créatrice

Définitivement, le 2e album de Bon Iver ne fera pas dans la répétition. L’intéressé a même déclaré avoir oublié comment écrire des chansons simplement armé d’une guitare. Ce 2e album éponyme est donc l’aboutissement "d’une volonté de construire des sons et ambiances sonores plutôt que des chansons" et témoigne probablement d’une nouvelle direction musicale prise par Justin.

On lui reprochera tout de même d’ouvrir l’album par l’une des plus belles chansons de l’année (« Perth »), ce qui nuira fortement à l’état de santé de votre bouton replay et anéantira un temps votre envie d’aller plus loin dans l’écoute des 9 autres chansons qui composent l’album.

Se déguste lentement

Malgré la courte durée de « Bon Iver » on notera quand même quelque longueurs qui s’invitent ici et là, une fois les premiers titres passés. Un manque de diversité sonore qui se fait sentir à mi-course et demandera peut être à l’auditeur un effort supplémentaire pour prolonger l’immersion dans l’univers sonore si particulier de Justin Vernon et de ses musiciens. D’y consacrer le temps nécessaire pour s’en approprier toutes les subtilités, car ce disque fait partie de ceux qui ne se dévoilent pas à la première écoute.

Gare à l’overdose donc, laissez le temps à la magie d’opérer, pour ce qui peut néanmoins tout à fait concourir sérieusement au titre de bande-son de l’été 2011.

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publié par le 03/08/11