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publié par Renaud de Foville le 19/09/00
bjork
- selmasongs
selmasongs

excitant/etonnant mariage

bjork & lars von trier : un mariage aussi excitant qu’étonnant... vous avez sûrement lu les interviews de ces deux très fortes personnalités qui ont suivies la sortie de leur film dancer in the dark. ce qui était passionnant, c’était la réunion improbable de leurs deux mondes, de leurs univers. tellement éloignés l’un de l’autre que cela a provoqué quelques histoires à sensation dignes des productions hollywoodiennes des années 50 et des frasques à la elizabeth taylor et richard burton... j’exagère à peine ! pas la peine de revenir dessus... von trier est un génie de la manipulation et de la communication, en plus d’être un très grand cinéaste. il savait très bien que, quoi qu’il arrive, en prenant bjork, on allait parler de son film. si vous rajoutez là dessus la double consécration de cannes, on comprend mieux la couverture médiatique qu’a connu dancer in the dark. quelques mois après, l’énorme capharnaüm est passé, le cirque a quitté la ville. et le film, la plupart des écrans français. qu’en reste t’il ? le souvenir du film, en attendant sa sortie en vidéo et la musique. le selmasongs de bjork. tout simplement, sans la pollution médiatique. on pourrait sortir une longue théorie sur les bandes originales de films, comment l’industrie du disque a noyauté hollywood (universal et sony/columbia en tête vous devinez facilement pourquoi) pour sortir des compilations plus ou moins nulles de leurs groupes respectifs et très souvent sans aucun rapport avec le film. la plupart du temps, il n’y pas un seul morceau de ces compiles dans le film, tout au plus pendant le générique de fin. mais tout cela n’est qu’une des idées nullissimes, parmi tant d’autres, que les services marketing ont trouvé pour remplir les tiroirs caisses et nous faire les poches. au passage il faut quand même signaler que quelques rares réalisateurs, aimant la musique, peuvent nous offrir de somptueuses compilations comme celle de the end of violence, du film éponyme de wenders...

égos surdimensionnés

mais pour dancer in the dark, le cas est un peu particulier. c’est une comédie musicale. plus que jamais la musique doit faire vivre le film, plus que jamais les univers des deux auteurs, bjork et von trier, aux égos surdimensionnés, sont liés l’un à l’autre. enfin une fusion positive et heureuse, plutôt rare à notre époque ! on a beaucoup reproché à lars von trier de nous manipuler et de jouer avec les émotions. n’est ce pas l’essence même du cinéma - sans parler du genre dramatique ? quelles accusations ridicules ! mais pourquoi personne n’a fait les mêmes remarques ou reproches à bjork. n’est-elle pas totalement complice ? sa musique n’utilise t’elle pas tous les trucs et les artifices des comédies musicales et des plus belles musiques de films pour nous émouvoir jusqu’aux larmes, puis nous faire sourire un court instant avant de nous achever. bien sûr, c’est évident... l’art joue avec vous, avec nous pour faire naître des émotions, des sentiments, des réactions... tous les moyens ou presque sont bons. un exemple : en sortant de la projection quelques spectateurs, d’une intelligence redoutable, étaient déçus par la scène du train. celle qui correspond à la chanson "i’ve seen it all", le fameux duo avec thom yorke. dans la scène du film on entend la voix de l’acteur et non celle de yorke - par ailleurs assez méconnaissable sur l’album. n’est-ce pas de la manipulation et, en même temps, un coup de génie ? dans le film la séquence marche à merveille parce qu’on ne compare pas la voix de bjork - je n’ai rien à dire dessus, je ne sais pas parler de la pureté - avec celle de l’acteur grâce à la puissance de la mise en scène, de la chorégraphie et du montage. mais aussi parce que l’on est dans une histoire, que l’on est dans la réalité de von trier - voyez avec quel génie von trier amène les séquences de chansons, nous permettant ainsi de rester dans une réalité qui sert le drame.

électro mécanique

sur l’album, c’est différent. on se retrouve face à la musique, juste la musique. bjork, pour nous offrir des émotions équivalentes à celles que suscite le film, pour nous faire vivre celles de selma - son personnage - indépendamment de celles du film - pour, d’une certaine manière, nous offrir sa version à elle de l’histoire, de la tragédie de selma - a besoin d’une voix qui tienne la route, plus que cela... d’une voix à la hauteur de la sienne. celle de thom yorke. que dire du reste de l’album... si "scatterheart" est un peu en dessous du reste de l’album, on reste totalement époustouflé par tous les autres morceaux. par ces pépites plus précieuses que tous les diamants du monde, par ses petites pierres magiques qui semblent s’envoler de la bouche de la fée bjork, émaner de son corps tout entier. encore une fois très électronique et très mécanique, bien que soutenue par de merveilleux violons, la musique de bjork est incroyablement organique, vivante, virevoltante comme le magnifique duo avec catherine deneuve - sans comparaison avec celui qu’elle avait fait avec passi, une merde ! - ou le grand morceau de bravoure du film, un des rares moments légers qui nous permet de respirer avant de replonger : "in the musicals". si vous n’avez pas les poils du bras qui se hérissent en écoutant "107 steps" et le somptueux "new world", si vous n’avez pas envie de danser, de chanter ou de courir dans un cinéma pour voir le film, si l’incroyable mariage des violons et des machines ne vous emporte dans un univers rare et émouvant... on ne peut rien faire pour vous.

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publié par le 19/09/00
Derniers commentaires
K@m1 - le 10/10/07 à 01:31
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Rhalalalala, je suis entièrement d’accord. Ce film m’a bouleversé et la BO me bouleverse tous les jours car il ne s’en passe pas un sans que je ne l’écoute...
C’est le film le plus touchant que je n’ai jamais vus et björk y est plus que touchante...

Informations

Sortie : 2000
Label : one little indian / Universal Music Group

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