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publié par Mickaël Adamadorassy le 10/06/11
Ben Harper
- Give Till It's Gone
Give Till It's Gone

Il aura fallu attendre son dixième album pour que Ben Harper soit chroniqué sur Le Cargo ! Pourtant ses premiers efforts d’abord en solo puis avec les Innocent Criminals étaient plutôt honorables, en fait The Will To Live contient bon nombre de petites perles, témoignant d’un talent musical indéniable en acoustique comme dans les sonorités électriques très saturées. Et puis il y a bien sûr son utilisation de la guitare slide ou plus exactement le lapsteel ( le lapsteel c’est une guitare qui se joue posée sur les genoux avec le plus souvent une barre en métal qu’on tient et non un bottleneck qui se glisse sur un doigt). Ben Harper est le musicien qui aura certainement poussé le plus loin l’utilisation de cet instrument dans le rock, à tel point que pour le grand public, jouer du lapsteel c’est maintenant jouer "à la Ben Harper". Et sans lui qui saurait ce qu’est une weissenborn par exemple ?

Ain’t over till it’s over

Mais bon après je trouve qu’il s’est un peu perdu en route, d’une musique très dépouillée, à fleur de peau on est passé à un trio capable aussi de donner dans le gros rock et le mélangeant avec réussite avec le blues, la soul ou le reggae mais ensuite ce gros rock s’est teinté de variété de luxe ; il a complètement oublié la simplicité des débuts, l’originalité s’est étouffée sous les hommages au passé et là j’avoue Ben Harper pour moi c’était fini. Du respect pour le talent du bonhomme mais c’est tout...

Modeste et sensible

Et c’est uniquement la curiosité et mon abonnement à Spotify qui ont fait que ce « Give Till It’s Gone » se soit retrouvé en écoute chez moi et là surprise. Ben Harper n’a certes pas viré expérimental. Il ne donne pas soudainement dans l’électro non plus. On est dans de la pop-rock très classique, avec ce petit goût de vintage dont il ne se défera sans doute jamais je pense... Mais cette nouvelle livraison est plus dépouillée, plus "modeste" que par le passé ; basse, batterie et juste une ou deux guitares et bien sûr la voix c’est exactement ce qu’il faut pour un texte comme celui de "Don’t Give Up On Me Now". Un très bon refrain et le retour de la fragilité mais aussi de la combativité de « Fight For Your Mind ». On sent le tube qui passera à foison à la radio et ma foi z’on a envie de le passer sur sa radio euh son lecteur mp3 aussi !

« I Will Not Be Broken » continue sur cette lancée, un peu plus arrangée mais là encore c’est la voix qui est au centre et on avait un peu oublié que derrière les guitares, il y a aussi une sacrée voix mais en parlant de la guitare, sur le final, Ben se fait plaisir avec un instrumental tout en saturation où on apprécie le côté très instinctif, noisy, et pas du tout bluesy de son jeu. Il y a une vraie atmosphère dans ce morceau, un petit goût de désespoir qui arrive à vous prendre aux tripes.

Il est free mais il a pas tout compris

Après un début comme ça, on est un poil déçu de revenir à du rock’n’roll ultra classique qui aurait pu aussi bien être sur un album d’Oasis, on le sentait venir avec une chanson qui s’appelle « Rock’n’roll Is Free » mais bon c’est suffisamment bien fait pour qu’on s’ennuie pas (pas encore ?).

Pas encore indeed, « Feel Love » est une ballade, où là aussi le titre renseigne sur le contenu (cordes et guitares acoustiques) mais on y retrouve aussi modestie et sensibilité alors ça passe. Mais on préfère son contrepied direct qui vient juste après, le très bourrin « Clearly Severly », où on est pas si loin dans l’intention et les guitare d’un groupe comme At The Drive in.

Abuser des fondamentaux

Malheureusement après c’est le passage à vide, des tempos lents, des mélodies pas très mémorables et les vieux démons de Ben le reprennent, ça sonne comme un tas de choses déjà entendues, moins que quand il y a un orgue hammond avec le même son d’orgue hammond que sur tout un tas de disques et un solo bluesy avec les mêmes bends que sur tout un tas de blues mais quand même on écoute de plus en plus distraitement....

Se rattraper à la fin

Rien d’enthousiasmant jusqu’aux deux derniers titres, « dirty little lover » nous réveille soudain avec son lapsteel grassement saturé et une manière de chanter beaucoup plus pêchue et enfin "Do it for you, Do it for us" avec une voix qui s’énerve jusqu’à une gueulante, qu’on attendait franchement pas, et qui réjouit bien, tout comme le fait que le morceau passe par plein d’ambiances différentes mais se termine de manière très rock, sur un bon gros riff de guitare et une voix poussée dans ses derniers retranchements.

Y a moyen

Alors que pensez de ce « Give Till It’s Gone » ? Un début enthousiasmant, quelques titres qui le sont un peu moins mais se laissent écouter, un gros coup de mou au milieu et un beau final... difficile d’émettre un jugement global autre que « moyen », simplement les bons titres sont vraiment bons et laissent à penser que Ben Harper reste un artiste qui mérite qu’on jette une oreille sur sa musique et qu’on a à nouveau envie de voir en live.

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publié par le 10/06/11
Informations

Sortie : 2011
Label : Virgin

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