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publié par Renaud de Foville le 25/07/01
U2 - POPB, paris - [17/07/2001,18/07/2001]
POPB, paris

la dette du tiers monde

il y a quand même deux ou trois choses a savoir avant de lire une chronique d’un concert de u2 sur cargo. pour ce qui est de alex et air c’est indirectement grâce aux quatre irlandais qu’ils ont embarqué sur le cargo, et pour être honnête - profitez en cela ne nous arrive pas si souvent - les deux concerts de bercy étaient les 11° et 12° concerts de u2 en 14 ans pour air. de toutes façons allez voir deux concerts du même groupe à la suite, dans une des pires salles de paris et à des tarifs de mafieux, faut déjà être atteint. car rien ne donnait très envie d’aller voir cet elevation tour. un album ridicule, que l’on écoute plus quelques jours après l’avoir eu. des chansons que l’on a plus ou moins envie d’entendre en live, une première dans l’histoire de u2 en ce qui nous concerne. une tournée américaine aux set lists peu passionnantes et surtout des prix scandaleux : 330 francs la fosse et plus de 650 francs en gradin ! rien, absolument rien ne justifie ce prix. si l’on est prêt a suivre jusqu’au bout les discours de bono sur la mondialisation et l’annulation de la dette du tiers-monde il reste que le prix pratiqué par le groupe est un scandale et une contradiction à tous leurs discours. venir au g8 quand on est bono, multimillionnaire du rock pour combattre tout ce qui peut sortir de ces cerveaux malades c’est génial, vraiment. personne ne demande à bono de ne pas récolter les millions des ventes d’albums et de tout ce qui tourne autour du groupe. c’est normal ! mais le prix des places et du merchandising, non seulement nous reste en travers de la gorge mais en plus pose beaucoup de problèmes quand on écoute ensuite bono parler de la dette du tiers monde - et jamais de celle de mon compte en banque. a titre de comparaison manu chao vient de remplir plusieurs salles parisiennes, dont bercy avec des billets à 140 francs !

rayon surgelé

c’est donc la première fois que l’on allait a reculons à un concert de u2, et qui plus est en salle - qui est en fait la véritable raison qui nous a poussé à aller les voir. lieu de prédilection de nos quatre irlandais qui ont déjà mis plusieurs fois le feu à bercy, dont un mémorable concert de la tournée zoo tv en 1992. le contrat était simple. si on ne prenait pas une grande claque dans la gueule le 17, on ne reviendrait pas le 18. constat : voyez vous mêmes, je suis en train de chroniquer les deux soirs. et franchement il faut en avoir envie pour revenir une deuxième fois se taper les lamentables stereophonics, qui ont réussi l’exploit d’être encore pire sur scène que sur album - je vous jure que c’est possible ! pas la peine de s’attarder sur ce groupe qui nous fait dire que l’on a toutes les chances de prendre plus son pied au rayon surgelé d’un supermarché de zone industrielle qu’en les écoutant. quand on pense que la tournée us a ouvert avec pj harvey presque tous les soirs on ne peut avoir que la rage. pour ce qui est de u2 tout ce qu’ils ont pu nous faire subir depuis quelques mois qui nous avait fait oublier qu’ils étaient tout simplement l’un des meilleurs groupes de scène du monde. l’un des seuls groupes capables de donner à bercy chaleur et émotion - avec the cure ou depeche mode, le seul que l’on peut voir en stade. on peut reprocher beaucoup de choses à bono, mais quand il est monté sur scène il n’y a plus grand chose à dire. il est chez lui sur scène, chez lui à paris, chez lui à bercy.

petit show efficace

on avait aussi très peur à cargo de voir deux fois le même concert, car les set lists de la tournée u.s se ressemblaient beaucoup, trop à notre goût. heureusement, il n’en a rien été. si on peut trouver une structure commune, on a eu le droit à deux concerts très différents. le premier énorme et surpuissant. on sentait bien que la voix de bono était légèrement fatiguée - comme lui d’ailleurs - mais qu’il la poussait à son maximum, qu’il donnait tout ce qu’il avait ce 17 juillet. pour la peine sa voix était carrément fatiguée le 18 et la set list s’en est ressentit. plus calme, elle a permis à bono de se reposer sur certains morceaux. alors à quoi a-t-on eu le droit. tout d’abord un jeu de lumière certes plus discret que l’écran géant et le citron mirror ball du pop mart ou les trabans et les écrans du zoo tv tour, mais on en a quand même pris plein la gueule. c’était souvent magnifique, toujours très juste et sans conteste plus efficace que pour le pop mart. les deux concerts ouvrant sur un "elevation" énorme et toute la salle allumée - chose rare et assez impressionnante - pour enchaîner sur une version sympathique et entraînante de "beautiful day". pour le classique "until the end of the world" de ce tour, bono et edge ont rodé un petit show très efficace. on retrouve bono au pied de edge, allongé par terre se battant avec ses pieds, ses mains, tout son corps dans des poses rageuses pour toucher la guitare de son guitariste et finissant par poser son micro sur les cordes de edge dans un larsen dévastateur...

simple et jubilatoire

avec un morceau aussi impressionnant que "until the end..." le elevation tour peut véritablement se mettre en route... et a deux ou trois fautes de goûts prêts - "in a little while" est peut être joué en hommage à joey ramone, on comprend pourquoi celui ci est mort après avoir entendu cet horrible morceau, même en live rien ne se passe, "stuck in a moment" - joué en hommage à michael hutchence, décidément ! - reste quand même un morceau bien triste et pauvre pour un groupe qui nous a offert "one" ou "october"... mais en dehors de ça que de grands moments ! "the fly" est joué à la perfection dans une nouvelle version surpassant tout ce que l’on a pu entendre jusque là, un des grands moments des concerts avec un bono déchaîné et survolté courant tout autour de la scène avant de finir scratché contre un écran, derrière larry... extraordinaire. si "i will follow" avait souvent été joué et même tous les soirs du pop mart quel plaisir. quel rare et grand moment d’entendre "out of control", morceau des tous débuts de u2, un pur plaisir que l’on ne pensait même plus possible, "bad" est évidemment un moment intense, même si la version du 17 reste un peu trop sage, "sunday bloody sunday" redevient l’hymne qu’il était dans les années 80 quand on sait que la situation en irlande du nord est des plus pessimistes - il faut voir bono chantant devant un drapeau irlandais qu’il a étendu a ses pieds - "where the sreets", classique parmi les classiques des tournées de u2 fait évidemment vibrer et chanter les 17 000 personnes présentes chaque soir dans bercy, simple et jubilatoire. on comprend en fait avec les classiques de u2 qui brûlent d’un feu inoubliable le public de bercy pourquoi la sono des concerts de u2 est aussi forte - à noter, ce qui est très rare à bercy, que le son était très bon. si u2 nous dévaste les oreilles, au sens propre, c’est pour que leur musique soit plus forte que le public chantant et hurlant à l’unisson. "where the streets" vous apporte votre lot de frissons indispensable à un concert de u2 réussi.

bêtise journalistique

les moments d’émotions sont fréquents quand bono s’offre à ce point : un très beau "stay", quelques notes du mythique « 40 », un magnifique "wake up dead man" rajouté à la dernière minute, un "with or whithout you" réussi - celui du 18. mais ce qui nous a aussi fait plus que plaisir c’est la joie du groupe d’être sur scène. si bono vu de prêt était aussi tendu, fatigué que incroyablement charmeur et charismatique - il faut le voir se prendre en photo avec les appareils jetables qu’il récupère dans le public, partir en courant pour faire le tour de la scène ou hurler sur la fin du "bullet the blue sky" du 18 absolument mémorable. ce qui est rassurant c’est de voir le groupe s’amuser sur "desire" à essayer de piéger bono, ou entendre edge s’engueuler avec un roadie qui ne lui pas mis les bons retours et bono faire semblant de jeter une pièce de monnaie au pied de edge, comme un guitariste des rues et venir lui parler à l’oreille pour lui expliquer que tout cela n’est pas très grave... c’est bête à dire, mais cela fait plaisir de voir le bonheur et la simplicité d’un groupe qui vend des dizaines de millions d’albums depuis plus de 20 ans. et tout ce bonheur est tellement communicatif que l’on est encore obliger de se dire et de crier haut et fort que si le statut de plus grand groupe de rock est d’une bêtise journalistique, on est bien content de constater que u2 reste un groupe de scène exceptionnel et unique.

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publié par le 25/07/01