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publié par Renaud de Foville le 30/10/00
u2
- all that you can't leave behind
all that you can't leave behind

coup de griffe

alors voilà le fameux retour aux sources de l’un des plus incroyables groupes de rock de ces 20 dernières années... capable de tout remettre en question, de prendre de véritables risques artistiques, tout en restant au sommet des charts, connaissant toujours la même formation depuis ses débuts, u2 a voulu revenir au bon gros rock basique des années 80... enfin c’est ce qu’ils aimeraient nous faire croire, car où sont passés la rage et l’énergie des premiers albums, la fameuse trilogie boy/october/war, ou est passé le coup de griffe du tandem magique eno-lanois , ces magiciens du son qui ont su accoucher nos irlandais du très beau the unforgettable fire et de l’immense the joshua tree... il ne reste plus grand chose... peut être bien quelques petites touches par ci par là (les meilleurs morceaux de l’album ont encore un quelque chose qui nous fait dire qu’ils sont capable de sortir un bon album, "new york" ou "grace" valent le détour, et on sent bien qu’un morceau comme "elevation" prendra toute sa plénitude en live... ce qui a été en partie confirmé par la prestation du man ray), quelques envolées (les premières notes de "kite", un morceau qui aurait pu être très beau si il avait été épuré, si la production était plus simple, plus modeste), mais tout cela est mou, timide et sans vie...

nuage fm-isant

"beautiful day" n’était pas un grand single - quand on se souvient de "the fly" qu’est ce que vous voulez rajouter -, mais le prochain... "stuck in a moment", je vous laisse le découvrir. du robbie williams gnan-gnan et sans l’humour ! ce qui est très inquiétant c’est que tout sonne comme du formatage fm, où est passé la production d’un type aussi novateur que eno. "walk on" par exemple. on sent une structure mélodique intéressante, bono comme sur une grande partie de l’album chante très bien, mieux que jamais pourrait on dire, mais tout cela est enveloppé dans un nuage fmisant qui rend le morceau presque sirupeux... et pourquoi avoir mis des chœurs sur presque tous les morceaux, on a bien vu en live que the edge adorait mettre son grain de sel avec ses ouahhh ouahhhhhh et ses ouhhhhhh ouhhhhhh, mais là cela devient vite pénible. je ne préfère même pas comparer à l’énorme achtung baby, le monstre que u2 a engendré à berlin, en plein hiver... là il n’en reste plus rien...

gateau à la crème

petit historique du groupe : après joshua tree et l’explosion planétaire qui s’en suivit, u2 sort le lourdingue rattle and hum... contenant quelques bonnes chansons, il n’en reste pas moins un peu décevant, un peu en deçà de ce que le groupe avait eu l’habitude de faire... eno et lanois n’étaient pas de la partie et cela s’entendait sérieusement. mais achtung baby arrivait pour nous faire oublier tout ça, on jette tout, on reprend tout à zéro, on ose, on cherche et on trouve... après un petit passage à vide, u2 sur le fil du rasoir, dans des conditions peu classiques nous offraient l’un des plus grands albums des années 90... rien que ça ! quelques années plus tard les quatre irlandais sortent pop (1997), encore une fois eno et lanois ne sont pas là, et même si l’idée de prendre howie b était intéressante, il faut bien avouer que l’album est une demie-réussite... donc quand on apprend que u2 est à nouveau en studio, et qu’ils ont repris notre duo de producteurs préférés à la production, on espère le meilleur, l’arrivée d’un grand album... comme quoi l’histoire ne se répète pas toujours... all that you can’t leave behind est, à ce jour, le moins bon, le plus décevant des albums du groupe. bravo ! trois ans pour nous sortir ce gros gâteau à la crème...

pas du luxe

c’est la première fois que l’on a envie de zapper certaines chansons ("wild honey" qui fait quand même la paire avec "peace on earth" !), que u2 se plante à ce point. trois ans... il y a deux possibilités soit, ils ne font rien de ces trois ans en studio - bono a passé son temps à s’occuper de jubilée 2000, laissant principalement the edge aux commandes... soit c’est beaucoup trop long, achtung baby n’avait pas demandé autant, joshua tree encore moins et zooropa, l’incroyable album enregistré en pleine tournée monstre et dans des conditions hallucinantes, est une petite merveille... comme pour pop - trois ans aussi, pour finir par déclarer qu’ils n’avaient pas eu le courage d’achever certaines chansons, que l’album a été fini dans la précipitation pour respecter certaines dates butoirs - dont le début de la tournée - on se dit que cet album est mal fini, que les mélodies sont trop faciles et que tout cela sent le bâclé... un comble, une contradiction totale, plus ils ont du temps, plus cela paraît négligé... u2 ne se concentre que dans l’urgence, dans l’extrême et la violence.

le seul endroit

u2 est un groupe qui a besoin de se battre, de sortir ses vieux démons, de la violence et de l’énergie du désespoir, pas du luxe et des grands moyens, pas du plaisir et de l’oisiveté... si u2 ne comprend pas cela, il ne leur restera que la scène pour exister, le seul endroit - comme on a pu le voir au man ray - où ils sont encore en danger, ou tout reste possible. c’est pour cela que malgré la piètre album qu’ils viendront défendre sur scène, il faut aller voir u2 en salle, après 7 ans et deux tournées en stades totalement monstrueuses - où le pire comme le meilleur se faisaient et se défaisaient chaque soir - u2 revient à la seule sources qui pourra les sublimer : les concerts en salle...

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publié par le 30/10/00