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publié par arnaud le 06/08/05
Editors
- The Back Room
The Back Room

Potentiel

A l’heure où une partie de la jeunesse indie pense découvrir des groupes grâce au matraquage de MTV2, on aurait pu faire qu’une bouchée des Editors, nouvelle formation anglaise qui surfe sur la vague, déjà bien entamée par Interpol, Rapture et autre Killers (à des degrés divers certes) du revival 80s. Mais il faut bien reconnaître que les chansons de leur premier album, The Back Room, tout juste paru fin juillet, possèdent un indéniable potentiel à s’infiltrer dans l’inconscient de l’auditeur pour très vite le rendre accro.

Recette

Originaires des quatre coins de Grande-Bretagne, les membres d’Editors se sont tous rencontrés à Birmingham, où ils finissaient leurs études, et partagent une passion pour les premiers R.E.M., Echo & The Bunnymen et Joy Division. Il semble d’ailleurs que le groupe de Ian Curtis soit devenu « LA » référence rock des années 2000, car à l’écoute de cet album on pense immanquablement à son groupe (La pochette austère renvoie même aux travaux de Peter Saville pour Closer ou pour le premier LP de Monochrome Set). Mais c’est surtout l’ombre d’Interpol, lesquels avaient fait sensation il y a deux ans avec un Turn On The Bright Lights déjà très influencé par les Mancuniens, qui plâne au dessus de l’album, ne serait ce qu’à l’écoute des imparables singles Munich et Blood, appliqués à reprendre tous les ingrédients qui ont fait le succès des New-Yorkais : guitares incisives, qui savent se draper d’un delay aérien sur les refrains ; basses groovy et très présente ; rythmiques martiales à la cadence de charley impressionnante ; et puis une voix profonde, de celles qui vous hantent, ici Tom Smith qui évoquera tour à tour, Paul Banks (Interpol justement), Ian Curtis (Joy Division donc), Mark Burgess (des Chameleons, groupe largement pillé mais moins souvent cité par la jeune génération) ou Guy Garvey (d’Elbow).

Savourer

Il ne vaut mieux pas trop réfléchir en écoutant Editors, et ce afin de faire abstraction de ces grosses ficelles qui apparraissent ça et là, peut-être bien malgré eux. Il faut juste se laisser emporter par les morceaux : la mélancolie de Fall ou Camera (non ce synthé est sans rapport avec celui d’Atmosphere de ... Joy Division !) ; ou l’energie de Fingers In The Factories, ou de Someone Says, morceaux qui sauront faire bouger les foules quand le groupe tournera à l’automne. Il faut donc savoir savourer The Back Room sans en attendre monts et merveilles, ni sombrer trop facilement dans le cliché du fan blasé, celui qui prétend adorer les originaux en oubliant bien vite qu’à leurs époques respectives, ces illustres prédécesseurs ont eux aussi souffert du jeu des comparaisons...

Promesses

En bref il n’y a pas de constat d’échec à faire ici, peut être juste un sentiment avoué d’impuissance. En ce sens Tom Smith n’est pas dupe lorsqu’il écrit « There’s nothing believable in being honest, so cover your lies up with another promise ». Comprendre que bien souvent la sincérité n’apporte pas pour autant plus de crédibilité, alors autant cacher ses mensonges et ses doutes derrière des semblants de promesses. Voilà résumé dans cette strophe de Blood tout le problème du pop-rock actuel : comment savoir où se situe la frontière entre touchante sincérité et froid calcul parmi ces groupes aux dent longues ? Editors a choisi de ne pas répondre à la question et préfère nous offrir des promesses... des mots en l’air ? Peut-être ? Et alors si ça nous aide à vivre un peu mieux...

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publié par le 06/08/05