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publié par gab le 21/09/08
21 love hotel
- our hearts belong to the storm
our hearts belong to the storm

vingt et un

Pour les avoir vu récemment lors de leur excellente prestation en acoustique dans un jardin parisien bien connu de nos services, on peut se permettre de l’affirmer tout de go : voici un groupe pour lequel vous ne serez pas trompé sur la marchandise. Certes, on pourrait rêver slogan plus accrocheur ou délicat à l’entame d’une chronique comme celle-ci mais c’est un fait suffisamment rare pour être relevé, 21 Love Hotel réussit à retrouver sur ce faux premier album** les ambiances musicales sophistiquées et le jeu scénique (d’autant plus difficile sans l’image) qui nous ont tant marqués en concert. Et c’est leur grande réussite quand on compte le nombre de légères déceptions à l’écoute enregistrée d’un groupe dont la prestation scénique avait pourtant retenu toute notre attention. On ne perd donc rien de la présence de Clémence Léauté (chant), de ses mains qui tournoient, de son jeu d’actrice souvent à la limite de l’excès mais qui reste heureusement toujours du bon côté de la ligne tout en la frôlant de très près par moments (les cris sur "Lonely lady"). On retrouve aussi l’étonnante sensibilité des guitares de Frédéric D. Oberland, qu’elles soient à peine effleurées ("The ballad of Loreley", le magnifique "The colour of the rain") ou plus incisives (le désormais classique "Lonely lady"). Le tout nous ramenant comme si on y était encore dans ce jardin un vingt et un juin à la nuit tombée, les enfants épuisés.

quatre

Sensibilité musicale donc et théâtralité, il n’en faut pas beaucoup plus pour penser Elysian Fields. Si en plus il leur arrive d’avoir la main légèrement plus lourde sur les effets enrobant la voix ("Gabriella’s wings"), la filiation apparaît un peu plus nette encore. Et sachant comme on peut parfois se laisser troubler à l’écoute d’Elysian Fields, ce n’est pas pour nous déplaire loin de là. D’ailleurs, pendant qu’on est dans les liens et héritages, n’oublions pas non plus la petite fixation Dead man entre certains morceaux. Loin d’être anecdotique, ce lien avec le film de Jarmusch offre sans conteste la meilleure façon de décrire l’album puisqu’on y retrouve cette même lenteur lancinante, ce même univers de far west onirique (jusque dans la pochette en noir et blanc). Et ils sont tellement dans leur élément, nos 21 Love Hotel, qu’ils intègrent haut la main et sans effort apparent le "I’m the ocean" de Venus dans leur monde délicat. Une reprise assez hallucinante qui devrait retrouver, si j’ai bien tout suivi, les chemins confus du cargo en bonne compagnie un de ces quatre.

quinze

Mais laissons là les mystères de la temporalité cargotienne et concluons une fois n’est pas coutume sur les chances de réussite du groupe. Ce genre de considération est bien entendu primordiale pour bien surfer une éventuelle hype, on a encore en tête la cuisante gloire Cat-Powerienne l’an dernier alors qu’on clamait depuis deux ans déjà que ce n’était plus ce que c’était. C’est ballot. La leçon retenue, nous sommes désormais prudents et bien qu’on n’en soit pas encore à consulter les astres, on pèse plutôt quinze fois qu’une nos options avant de nous élancer. Une réussite, donc, annoncée météo-marinement « forte » à « très forte » dans notre entourage proche et avec les charmes indéniables de leur chanteuse, le hat trick guitaristique (effet The Edge ?) ou mieux encore l’adoubement cargo via une très belle session vidéo, on est bien tenté de se rallier à l’avis général tant toutes les composantes du succès sont ici réunies. Maintenant sachant ce qu’il advint de nos prévisions Stuck-in-the-Soundesques et comme on leur veut plutôt du bien à 21 Love Hotel, on va s’abstenir d’émettre un avis trop tranché et s’en retourner bêcher notre jardin afin de planter cet album dans notre emblématique rayon nuit / route de nuit (le test d’entrée au club ayant été passé avec brio au retour des vacances) puis s’allonger quelque temps et compter tranquillement les points.

** si on en croit la jaquette, le premier véritable album serait encore à venir ... nous on veut bien, si ça peut leur fait plaisir.

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publié par le 21/09/08